Research studies

Les soft skills au service de l’employabilité Le savoir –être : un atout indispensable sur le marché du travail

 

Prepared by the researcher

  1. Hasna FALLAKI – Université HASSAN II /Faculté des Sciences et Techniques- Mohammedia, Maroc
  2. Khadija AKHARRAZ Université HASSAN II/Faculté des Lettres et des Sciences Humaines- Mohammedia, Maroc

Democratic Arabic Center

Journal of Afro-Asian Studies : Nineteenth Issue – November 2023

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
ISSN  2628-6475
Journal of Afro-Asian Studies

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Résumé

 Force est de reconnaître que l’enseignement universitaire a une grande importance dans la vie des étudiants marocains, soulignant que les diplômes obtenus jouent un rôle crucial sur le marché de l’emploi. Cependant, de nombreux diplômés ont du mal à trouver du travail en raison de l’écart entre leurs compétences et les critères requis par les recruteurs, ce qui contribue au taux élevé de chômage des diplômés au Maroc. D’où la nécessité d’une collaboration étroite entre l’université et le monde socio-économique pour adapter l’enseignement supérieur aux besoins du marché de l’emploi et pour réussir l’employabilité des futurs lauréats.

En sus de l’acquisition de connaissances spécialisées dans leurs domaines d’études respectifs, les universités ont également pour mission de prioriser le développement de compétences transversales essentielles, telles que la résolution de problèmes, la communication, le travail en équipe, l’adaptabilité, et bien d’autres. Cela permet aux étudiants de cultiver les compétences requises pour prospérer dans leur future carrière.

Introduction

L’université, en tant qu’établissement d’enseignement supérieur regroupant plusieurs facultés et écoles supérieures, revêt une importance cruciale dans la vie des étudiants marocains. Cela s’explique par la valeur significative des diplômes obtenus, tant sur le marché de l’emploi national que dans le parcours professionnel des lauréats. Cependant, les diplômés universitaires peinent à décrocher un emploi en raison de leur inadéquation aux critères exigés par les recruteurs. Cela explique le taux élevé de chômage parmi les diplômés au Maroc.

Juste après avoir obtenu leur diplôme universitaire, les étudiants fraîchement diplômés entament la quête d’un emploi où ils pourront mettre en pratique les compétences techniques déjà acquises au cours de leurs études. Cette démarche peut s’avérer difficile en raison de divers obstacles. D’où l’importance d’établir une étroite collaboration entre deux éléments clés : l’université et le monde socio-économique.

 Ces deux piliers jouent un rôle déterminent dans le développement et la progression de la société dans son ensemble. Une Coopération continue entre ces deux fondements permettrait d’adapter l’enseignement supérieur aux besoins du marché de l’emploi, tant national qu’international. C’est pourquoi nous considérons comme impératif d’intégrer les soft skills dans le cursus académique afin de préparer les candidats à s’intégrer aisément dans le monde socio-économique comme des entrepreneurs ou des employés.

 En plus des connaissances spécifiques à leur domaine d’études, les universités se doivent de mettre l’accent sur le développement des compétences transversales telles que la résolution de problèmes, la communication, le travail d’équipe, l’adaptation, et bien d’autres. Ainsi, les étudiants pourront acquérir les compétences nécessaires pour réussir dans leur future carrière.

Dans quelle mesure l’acquisition de compétences comportementales, ou soft skills, peut-elle améliorer les perspectives d’emploi des futurs lauréats sur le marché du travail ? La didactisation des compétences transversales exigées dans le contexte socio-économique pourrait-elle faciliter l’insertion des candidats dans le monde professionnel ?

Pour apporter des réponses à ces interrogations, nous entreprendrons une analyse des données collectées à partir des enquêtes dans le but de tirer des conclusions solides concernant l’impact des compétences comportementales sur l’employabilité.

Soft skills et employabilité : Cadre conceptuel

Que signifient les soft skills ?

Le terme anglais « soft » se traduit en français par « douce » ou « molle », tandis que « skill » signifie habileté ou compétence. Selon les auteurs et les chercheurs, « soft skills » fait référence à des compétences multidisciplinaires et comportementales. Il désigne aussi tout type de compétences comportementales ou transversales. En général, ce terme englobe un large éventail de compétences non techniques qui sont essentielles dans le monde professionnel et personnel. Plusieurs experts en éducation (comme Daniel Goleman et Thomas R. Hoerr), en psychologie (par exemple, Howard Gardner, John D. Mayer et Peter Salovey), en gestion des ressources humaines (comme John Kotter) ont contribué à la compréhension et la promotion de ces compétences dans différents contextes. En raison de leur importance, ces compétences sont devenues nécessaires dans le contexte professionnel et hautement prisées par les responsables du recrutement et des ressources humaines au sein des entreprises.

Vu leur importance, elles sont devenues nécessaires dans la vie professionnelle et elles sont plus recherchées par les recruteurs et les directeurs des ressources humaines des entreprises. Pour eux, certes, les diplômes et le parcours d’un candidat sont importants, mais ils ne sont pas les seuls points garantissant son employabilité. En d’autres termes, les entreprises ne se limitent pas uniquement aux candidats ayant des compétences techniques (hard Skills), mais elles cherchent également des compétences comportementales (Soft skills). Pour les recruteurs, un candidat doté soft skills peut s’adapter facilement et efficacement aux changements constants du marché de l’emploi.

Haut du formulaire

En d’autres termes, une compétence transversale comprend les savoirs cognitifs et métacognitifs (savoirs, savoir-faire, savoir-être) qui permettent à une personne de s’intégrer efficacement dans diverses situations, de s’adapter, de résoudre des problèmes et de mener à bien des projets. Une compétence transversale peut se focaliser principalement sur les aspects sociaux et affectifs (comme le respecter des autres et la coopération) ou sur les aspects cognitifs (comme la mémorisation et la structuration de l’information). Les compétences transversales à dominante socio-affective jouent un rôle essentiel dans la construction de l’identité et de la personnalité. Les soft skills à orientation cognitive englobent les compétences liées à la gestion de l’apprentissage ainsi que celles qui se rapportent au traitement de l’information.

Que signifie l’employabilité ?

L’employabilité est « un ensemble de réalisations, de compétences, de compréhensions et d’attributs personnels qui rendent les diplômés plus susceptibles d’obtenir un emploi et de réussir dans les professions qu’ils ont choisies, ce qui profite à eux-mêmes, à la main-d’œuvre, à la communauté et à l’économie[1]» .

Selon cette définition, nous pouvons dire que l’employabilité fait référence à un ensemble de caractéristiques et de qualités que possèdent les diplômés d’une formation ou d’un établissement d’enseignement supérieur. Ces caractéristiques incluent des accomplissements, des compétences, des compréhensions et des attributs personnels. En outre, l’employabilité vise à préparer les diplômés à être compétitifs sur le marché du travail en leur fournissant les compétences nécessaires. Cela profite non seulement aux individus en termes de carrière et de bien-être personnel, mais aussi à la société dans son ensemble en favorisant la croissance économique et le développement communautaire.

 Pourquoi les lauréats ?

Nous avons opté pour cette catégorie en raison de son importance significative. Les diplômés universitaires représentent une part considérable de la population diplômée au Maroc. A leur sortie de l’université, ils possèdent une solide maîtrise des compétences académiques et spécialisées acquises au cours de leurs études.

Leur insertion dans le marché de l’emploi présente de nombreux avantages. Tout d’abord, ces jeunes diplômés auront la possibilité de trouver l’emploi de leurs rêves, ce qui leur permettra de subvenir à leurs besoins et de devenir financièrement indépendants. De plus, cela rehaussera la réputation de l’université et conférera une plus grande valeur au diplôme sur le marché de l’emploi.

 Une formation de qualité à tous les niveaux renforcera également la pertinence du diplôme aux yeux des employeurs. Enfin, l’augmentation de l’employabilité des lauréats mettra un terme au chômage qui touche cette catégorie de la population et stimulera le développement économique du pays à court et long terme.

Durant le parcours scolaire, universitaire ou professionnel, la plupart des filières se focalisent sur l’enseignement du savoir-faire, c’est-à-dire des connaissances et des compétences techniques ou académiques. En revanche, le système éducatif marocain a proposé un nouveau plan d’action visant le développement des compétences transversales par l’octroi de formation de qualité. L’objectif se résume dans le fait de ne pas s’appuyer juste sur le savoir-faire pour réussir une carrière professionnelle mais également le développement du savoir être qui doit répondre aux attentes de l’environnement professionnel.

Il devient impératif d’offrir une assistance à ces jeunes diplômés et les accompagner dans le développement de leurs compétences humaines, afin de les préparer à s’adapter à l’évolution de leur environnement et améliorer leurs chances d’employabilité. Autrement dit, la réussite professionnelle est tributaire de l’acquisition d’un ensemble de compétences. En intégrant les soft skills aux hard skills dans le système éducatif marocain, nous pouvons développer de multiples compétences chez les étudiants, leur assurant ainsi une employabilité réussie. Laquelle employabilité repose sur :

Les attitudes ou le capital humain,

Les traits de personnalité ou les talents,

Les compétences qui peuvent être techniques, sociales ou émotionnelles.

  1. Etude empirique : discussion des résultats et propositions

   Afin d’explorer notre problématique, nous avons opté pour une étude quantitative en utilisant deux questionnaires distincts. Le premier a été destiné aux enseignants de l’université Hassan II, tandis que le second a été conçu pour les recruteurs.

Notre objectif principal est d’élucider le rôle des soft skills dans l’enseignement universitaire et de déterminer leur importance.  En réalité, notre objectif de recherche est de contribuer à la création d’un capital humain qui répondra aux exigences du marché de l’emploi, favorisant ainsi une employabilité réussie et fluide.

  Nous avons opté pour une approche de recherche-action dans le but d’explorer en profondeur les différentes facettes de la problématique. Cette démarche nous permettra de proposer un plan d’action pertinent et d’analyser les résultats obtenus tout en apportant des solutions adéquates.

Pour mener à bien notre enquête, nous avons utilisé un questionnaire en ligne via Google Forms pour recueillir des réponses précises et mesurables à une série de questions. Cette approche s’aligne avec la nature exploratoire de notre étude, ce qui nous permet de soumettre notre questionnaire de manière adaptée à notre objectif de recherche.

Bas du formulaire

Discussion des résultats

Questionnaire adressé aux enseignants :

Notre première priorité est d’engager les enseignants de l’université Hassan II- Casablanca. Leur participation est cruciale pour nous permettre d’identifier certains facteurs potentiels qui pourraient être à l’origine de l’inemployabilité des diplômés issus de diverses filières et institutions. Nous considérons notre échantillon comme pouvant être représentatif parce qu’il englobe toutes les filières de l’université, provenant de différents établissements et possédant une expérience significative.

Nous avons également administré un questionnaire aux recruteurs, entrepreneures et responsables des ressources humaines. La contribution de ces deux groupes (enseignants et recruteurs) permettra une approche exhaustive et efficace de notre problématique.

Les Soft skills à l’université 

En ce qui concerne notre question sur l’importance de l’enseignement des soft skills à l’université, nous avons obtenu les résultats suivants : un impressionnant taux de 97,5 % des répondants estime que l’enseignement de ces compétences revêt un rôle crucial. Selon les enseignants, les soft skills sont considérées comme des compétences essentielles pour réussir dans la vie académique. Elles sont souvent étroitement liées à la réussite scolaire. Par exemple, la capacité des étudiants à gérer leur temps efficacement peut les aider à mieux s’organiser pour leurs études. Une communication efficace peut améliorer la participation en classe, tandis que la capacité à résoudre des problèmes peut aider à surmonter les défis académiques.

Cependant, une petite fraction de 2,5% s’oppose à l’enseignement des soft skills à l’université marocaine. Selon ce groupe, les étudiants devraient se concentrer exclusivement sur l’acquisition de compétences académiques, les autres compétences pourraient être développées en dehors de l’université.

                      Figure 1 : Soft skills à l’université

L’apport des Soft Skills

 Selon 97,5% des enseignants interrogés, il est indéniable que les soft skills jouent un rôle fondamental dans le développement personnel et professionnel des étudiants. Néanmoins, une faible proportion de 1,2 % ne perçoit pas de contribution significative de ces compétences, tandis que la même proportion de 1,2 % maintient une position neutre à ce sujet.

La majorité des enseignants estime que les soft skills sont d’une importance capitale pour la vie académique et professionnelle des étudiants, car elles englobent des compétences telles que la collaboration en équipe, la résolution de problèmes sociaux, et la sensibilité citoyenne. Ces éléments sont fondamentaux pour que les étudiants puissent apporter une contribution constructive à la société. En outre, en enseignant à la fois les compétences techniques (hard skills) et les compétences non techniques (soft skills), les universités préparent les étudiants à devenir des professionnels complets et bien équilibrés.

En ce qui concerne les catégories minoritaires, leur réponse peut être expliquée soit par une réticence à reconnaître l’importance des soft skills, soit par un manque de formation dans ce domaine.

Figure 2 : Apport des soft skills

L’importance de l’enseignement des soft skills :

La figure 3 montre que 82,7 % des enseignants reconnaissent l’importance de lier les hard skills et les Soft skills dans l’enseignement supérieur. Cela signifie qu’ils considèrent que l’enseignement supérieur doit accorder une importance équivalente aux compétences techniques et aux compétences transversales. En revanche, un groupe de 12, 3% estime que l’accent devrait être mis principalement sur les compétences transversales. Enfin, 5% des répondants pensent que l’enseignement supérieur devrait prioriser les compétences académiques ou techniques.

Figure 3 : Importance de l’enseignement des soft skills.

1.2 Questionnaire adressé aux recruteurs :

A l’aide de Google Forms toujours, nous avons également ou distribuer notre deuxième questionnaire auprès des recruteurs, des entrepreneurs et des responsables des ressources humaines. Nous avons ainsi pu faire l’inventaire des besoins et des attentes des acteurs dans le domaine professionnel.

L’importance des stages

En ce qui concerne l’importance du stage, la majorité, soit 90% des recruteurs, considère que les stages revêtent une grande importance dans la vie des étudiants universitaires. Le taux élevé des réponses positives quant à l’importance des stages nous a incités à poser des questions supplémentaires afin de mieux comprendre cette perception.

La figure 4 représente les réponses des recruteurs sur l’importance des stages.

Le rôle des stages

Selon 58,3 % des recruteurs, le stage est important car il va permettre à l’étudiant de s’ouvrir sur le monde de l’emploi et de se mettre dans des situations professionnelles. En plus, Un stage donne au lauréat l’occasion d’appliquer les connaissances acquises pendant ses études dans un environnement professionnel réel. Cela permet de mieux comprendre comment les concepts théoriques sont mis en œuvre dans la pratique.

Un taux de 33, 3 % voit que le stage est une opportunité pour avoir un contact avec le monde de l’emploi. Autrement dit, pendant un stage, le lauréat a l’occasion de rencontrer et d’interagir avec des professionnels du secteur. Cela peut aboutir à des contacts utiles pour l’avenir, notamment pour trouver un emploi à temps plein après la fin du stage.

Certains recruteurs estiment que le stage représente la meilleure opportunité pour assimiler la culture d’une entreprise. En d’autres termes, travailler au sein d’une entreprise permet au candidat de se familiariser avec la culture et les valeurs de cette organisation. Cette expérience lui donnera l’occasion d’évaluer si l’entreprise correspond bien à ses objectifs professionnels à long terme.

Figure 5 : le rôle du stage dans la formation académique.

L’apport des jobs d’été :

   Les recruteurs accordent une grande valeur aux jobs d’été pour plusieurs raisons importantes :

Acquisition d’expérience professionnelle : environ 38,6% des recruteurs estiment que les jobs d’été offrent aux étudiants l’opportunité d’acquérir de l’expérience professionnelle. Cela leur permet de mettre en pratique les compétences qu’ils ont acquises à l’université et de se familiariser avec les bases du marché de l’emploi. Cette expérience précoce peut être précieuse pour leur développement professionnel futur.

Exploration du monde professionnel : pour 31,4% des recruteurs enquêtés les jobs d’été permettent aux jeunes de découvrir différents domaines professionnels. Travailler pendant l’été ou les vacances leur offre l’occasion d’explorer des carrières qui les intéressent ou de confirmer leurs choix de carrière existants. Cela peut aussi les aider à identifier ce qu’ils n’apprécient pas dans un emploi, ce qui est tout aussi important pour prendre des décisions éclairées concernant leur avenir professionnel.

  Développement des compétences « soft skills » (31,8)  : les recruteurs reconnaissent que les jobs d’été aident les jeunes à développer des compétences comportementales précieuses. Cela inclut des compétences telles que la communication, la résolution de problèmes, la gestion du temps, le travail d’équipe, et bien d’autres encore. Ces compétences sont utiles dans tous les aspects de la vie, qu’il s’agisse du monde professionnel ou personnel, et sont souvent recherchées par les employeurs.

Renforcement de la confiance en soi (15,9 %) : un job d’été offre la possibilité de gagner son propre argent. Cela peut être particulièrement bénéfique pour les étudiants cherchant à subvenir à leurs besoins personnels, financer leurs études, ou épargner pour le futur.

Acquisition de l’indépendance financière (25 %) : la recherche, l’obtention et l’exécution réussie d’un job d’été démontrent aux futurs employeurs que le candidat est sérieux, motivé et capable de prendre des responsabilités. Cela témoigne de leur capacité à gérer leurs finances de manière autonome, renforçant ainsi leur indépendance financière.

Figure 6 : le rôle de job d’été

 De quelques propositions pour améliorer l’employabilité :

  Les deux groupes étudiés ont démontré que les soft skills sont d’une grande importance. De plus, l’enseignement de ces compétences peut favoriser le développement personnel et professionnel des étudiants marocains. Par ailleurs, une bonne intégration des compétences transversales peut indubitablement améliorer l’employabilité des futurs diplômés. Pour une insertion professionnelle réussie des futurs lauréats nous proposerons les solutions suivantes :

La didactisation des soft skills : l’enseignement de ces compétences doit être généralisé dans tous les établissements de l’université Hassan II, ainsi que dans l’ensemble des universités marocaines. L’enseignement des compétences comportementales peut débuter bien avant la phase de l’enseignement supérieur, dès le lycée voire le collège. Ainsi, les étudiants arriveront à l’université avec un niveau avancé et une solide base de de soft skills déjà acquises. Pour ce faire, les cours devraient être structurés sous forme d’activités pratiques, de sorties sur le terrain pour des études exploratoires, ou encore par la création de clubs au sein des établissements scolaires qui se consacrent à l’orientation et l’encadrement des élèves.

La planification des stages : les stages sont souvent sous-estimés dans certaines filières, notamment les filières littéraires, tandis que dans d’autres leur importance ne se manifeste qu’à la dernière année ou au dernier semestre. Dans cette perspective, nous proposons de mettre en place un plan de stage dès la première année d’études à l’université, où chaque étudiant devrait effectuer des stages (d’au moins un mois chaque année) dans son domaine de spécialisation. Ces stages seraient accompagnés d’un suivi de la part de tuteurs et d’un rapport détaillant les objectifs atteints ainsi que les obstacles rencontrés.  Cette approche permettrait aux futurs diplômés de disposer d’un large éventail de choix pour leur carrière, et de s’orienter vers un domaine où ils pourront être plus actifs et productifs. Puisque le stage représente une opportunité précieuse d’appliquer les connaissances théoriques dans un environnement professionnel, il est préférable de l’ingérer dès l’enseignement secondaire ou collégial, sous forme de formations de courte durée. Cette opportunité donnerait aux élèves du collège ou du lycée une vision claire de leur orientation académique, de la filière qu’ils souhaitent étudier, ainsi que du métier qu’ils envisagent d’exercer. Cela facilitera l’employabilité et l’insertion professionnelle des futurs lauréats.

Le job d’été doit avoir plus d’importance dans la vie des étudiants universitaires et les élèves des établissements scolaires. Certes, les vacances sont généralement prises pour se reposer et voyager mais elles peuvent être aussi l’occasion d’acquérir de précieuses expériences professionnelles. En plus, l’étudiant ou l’élève apprendra à bien investir et gérer son temps libre. Un job d’été peut être lié à leur future carrière ou leur ouvrir de nouvelles perspectives. En plus de procurer une indépendance financière et une responsabilité accrue, il offre l’opportunité d’explorer de nouveaux métiers et d’accumuler une expérience précieuse. Ces expériences influenceront certainement le choix de carrière et favoriseront l’employabilité dès l’obtention du diplôme.

L’organisation de forums et des journées portes ouvertes dans les établissements scolaires et les différentes facultés du pays : ce type d’événements exposera les élèves et les étudiants à des environnements académiques et leur fera découvrir les possibilités offertes par   l’enseignement supérieur. Ces événements peuvent encourager davantage d’élèves à envisager la poursuite de ses études au-delà du niveau secondaire. Dès le lycée, les élèves commenceront à créer des liens entre les établissements d’enseignement et le métier dont ils rêvent. La tenue de ces événements renforcera les liens entre les écoles, les facultés et le domaine socio-économique, contribuant ainsi à une meilleure intégration des apprenants dans le milieu professionnel.

Conclusion

Pour réaliser cette recherche, nous avons mené une étude quantitative en administrant un sondage en ligne à des enseignants-chercheurs issus de diverses facultés et écoles supérieures de l’université Hassan II, ainsi qu’à des recruteurs.

 Les résultats obtenus confirment que généraliser l’enseignement des soft skills à l’enseignement supérieur serait rentable et bénéfique, de point de vue académique et professionnel.

Une intégration adéquate des soft skills, conformément aux attentes du marché de l’emploi national et international renforcerait l’employabilité des diplômés marocains. Cette didactisation devrait concilier l’acquisition de connaissances avec une ouverture sur le marché de l’emploi.

Par conséquent, cette étude met en évidence le rôle crucial de l’enseignement des soft skills dans l’amélioration de l’employabilité des diplômés, ainsi que l’importance d’une formation qui combine à la fois les compétences techniques et les compétences transversales. L’acquisition et le développement de ces soft skills devraient commencer dès les premières années de l’éducation formelle au lieu d’être limités uniquement à l’enseignement supérieur. Les activités parascolaires, l’intégration des clubs et des associations, les jobs d’été et les stages jouent un rôle significatif dans le développement personnel et professionnel des futurs lauréats.

En investissant dans l’enseignement et la promotion des soft skills, les étudiants peuvent se préparer de manière plus holistique au monde du travail. Les entreprises peuvent ainsi bénéficier de collaborateurs mieux préparés à relever les défis professionnels. Complétant les compétences techniques et académiques, les soft skills renforcent la capacité à s’adapter aux besoins changeants du monde professionnel et contribuent à bâtir des carrières solides et durables.

Notre travail nous a également permis d’identifier certaines limitations susceptibles de compromettre sérieusement l’employabilité des diplômés marocains. Nous pouvons les résumer comme suit :

Le manque de communication entre l’université et le secteur socio-économique : une communication continue et des objectifs partagés entre ces deux parties permettront de cibler l’enseignement des soft skills et des hard skills, ce qui contribuera à réduire le décalage entre la formation et les besoins du marché de l’emploi.

Le manque d’investissement dans la recherche scientifique : si les entreprises réussissent à investir dans l’enseignement supérieur, les programmes académiques pourront être alignés sur les objectifs et les attentes des entreprises. Cela permettrait de concevoir des cours en fonction des besoins spécifiques des employeurs. En outre, cela encouragerait l’innovation et l’adoption de technologies internationales, tant du côté de l’université que de l’entreprise.

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[1] UK Higher Education Academy

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