Patrimoine, mémoire et identité Le cas de Maroc

Prepared by the researche: Najat Fares – Encadrer le professeur : Jamila Saidi – Laboratoire de recherche : environnement littoral, patrimoine naturel, urbanisation, logistique et tourisme – Université Hassan II, Casablanca, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Mohammedia
Democratic Arabic Center
Journal of African Studies and the Nile Basin : Twenty-ninth Issue – January 2025
A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin
Journal of African Studies and the Nile Basin
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Résum
Le thème du patrimoine en général est considéré comme l’une des recherches éminentes qui permettent d’explorer la relation entre patrimoine, mémoire, identité et territoire. Ces thèmes se concentrent sur l’analyse de la manière dont le patrimoine culturel et architectural, ainsi que les lieux et événements emblématiques, ont été utilisés pour construire des identités individuelles et collectives et façonner des territoires. Les sujets examinent également comment les questions de tourisme, de géopolitique et de communication influencent la façon dont la mémoire et l’identité sont utilisées dans le contexte du développement régional et de l’action publique. En somme, ces thématiques portent sur les différentes dimensions du rôle du patrimoine, de la mémoire et de l’identité dans la construction et l’aménagement du territoire.
Le thème du patrimoine, de la mémoire et de l’identité en particulier est très important car il concerne la préservation de notre patrimoine culturel, la transmission de nos traditions et de nos valeurs et la construction de notre identité individuelle et collective. Il est très important de réaliser l’importance de ces concepts dans la préservation de la diversité culturelle dans le monde et la préservation de la vie privée de chaque société.
Le patrimoine culturel est un témoignage du passé qui nous permet de mieux comprendre notre histoire et d’apprendre de nos erreurs. Par conséquent, les préserver est essentiel pour nous aider à construire notre avenir en nous appuyant sur nos racines. De même, la mémoire collective joue un rôle majeur dans la préservation de notre identité et de notre patrimoine culturel. Il permet de transmettre des valeurs et des traditions de génération en génération, créant un sentiment d’appartenance et de continuité.
Cependant, il est important de noter que le concept de patrimoine culturel est souvent lié aux discussions sur les biens culturels, l’appropriation culturelle et les droits des communautés autochtones. Il est donc important de veiller à ce que la préservation du patrimoine culturel ne soit pas utilisée pour justifier des pratiques répressives ou des politiques d’exclusion.[1]
Bref, le thème du patrimoine, de la mémoire et de l’identité est crucial pour préserver la diversité culturelle mondiale et construire un avenir ancré dans notre histoire et notre identité culturelle.
Abstract
The theme of heritage in general is considered one of the eminent research areas that allow exploring the relationship between heritage, memory, identity, and territory. These themes focus on analyzing how cultural and architectural heritage, as well as iconic places and events, have been used to construct individual and collective identities and shape territories[2]. The subjects also examine how issues of tourism, geopolitics, and communication influence the way in which memory and identity are used in the context of regional development and public action. In short, these themes address the different dimensions of the role of heritage, memory, and identity in the construction and development of territory.
Heritage, memory, and identity, in particular, are very important themes because they concern the preservation of our cultural heritage, the transmission of our traditions and values, and the construction of our individual and collective identity. It is very important to realize the significance of these concepts in preserving cultural diversity in the world and the privacy of each society.
Cultural heritage is a testimony of the past that allows us to better understand our history and learn from our mistakes. Therefore, preserving them is essential to help us build our future based on our roots. Similarly, collective memory plays a major role in preserving our cultural heritage and identity. It allows us to transmit values and traditions from generation to generation, creating a sense of belonging and continuity.
However, it is important to note that the concept of cultural heritage is often linked to discussions about cultural property, cultural appropriation, and the rights of indigenous communities. Therefore, it is important to ensure that the preservation of cultural heritage is not used to justify repressive practices or exclusionary policies.
In short, the theme of heritage, memory, and identity is crucial for preserving global cultural diversity and building a future rooted in our history and cultural identity.
Introduction :
La question patrimoniale, dans le cadre d’une réflexion en termes d’enjeux pour un projet d’agglomération, nécessite, avant même d’évoquer ces enjeux, de préciser quelques points. Qui dit patrimoine dit nécessairement rapport au temps, à la transmission, mais également à un processus de valorisation, souvent cumulatif. Les acceptions de ce terme l’inscrivent perpétuellement entre la préservation de la tradition, d’une part, et la construction actuelle d’un bien commun. Cette notion renvoie donc, sur ces bases, à notre capacité à nous inscrire individuellement et collectivement dans une durée et à partager ce bien commun qui structure ce que nous sommes, notre identité**. ** Ainsi patrimoine, mémoire et identité sont-ils profondément liés. Ceci mérite, ne serait-ce qu’en préambule, de se pencher sur les définitions de ces termes et leur évolution, ne serait-ce que pour mieux en percevoir l’actualité.
Les différentes acceptions du patrimoine et leurs paradoxes : entre tradition et modernité. Le mot “patrimoine” est d’abord issu du vocabulaire juridique. Son utilisation, dans les acceptions que nous lui connaissons**, remonte** au début des années 1970. Il est alors utilisé pour désigner l’ensemble des productions humaines à caractère artistique que le passé a laissées en héritage. Il vient s’opposer ainsi à d’autres expressions jugées trop restrictives dans leur contenu, ou limitées au seul contexte français telles que “Monuments historiques”, notamment. À la fin des années 1970, le mot “patrimoine” va donc signifier la dimension collective de l’héritage à travers la désignation de monuments, d’objets et de lieux chargés d’une valeur indiscutée. Mais en fait, le concept n’a cessé d’évoluer depuis cette première phase marquée, en particulier, par l’action de l’État. On peut même dire qu’il est encore aujourd’hui en voie de formation.
Définition et importance du patrimoine :
Pourquoi le patrimoine ?
Valeur scientifique, de recherche et du savoir : Les techniques de construction et les matériaux utilisés confèrent aux bâtiments une valeur scientifique en raison de l’information qu’ils contiennent. Par exemple, l’origine des matériaux, les outils utilisés ou encore les traces d’interventions ou de modifications passées. Cette valeur est liée à la valeur éducative.
Valeur technique : La technologie utilisée pour la construction d’un site et sa contribution à l’avancement des techniques de construction à cette époque. La valeur technique peut aussi être liée aux systèmes environnementaux intégrés à la conception.
Valeur sociale : La signification d’un site historique pour une collectivité est sa valeur sociale. Un parc peut être apprécié par une collectivité sans égard à sa valeur historique ou architecturale. L’association d’un site à des événements ou des festivals peut aussi contribuer à sa valeur sociale.
Valeur locale distinctive : Une particularité qui rend le site différent de tout ce qui se trouve ailleurs, par exemple des matériaux ou des techniques de construction particuliers à une région.
Valeur émotionnelle : Les personnes qui utilisent ou visitent un bâtiment peuvent ressentir un attachement ou être émues devant la qualité de l’œuvre. Ainsi, on peut être attaché à un bâtiment de notre quartier ou être impressionné par la qualité exceptionnelle d’un emblème de notre milieu ou de notre société.[3]
Valeur symbolique : Érigés pour commémorer des événements historiques importants, les monuments ont souvent une valeur symbolique. La valeur symbolique peut changer avec le temps (selon les événements et la politique) ; elle peut aussi être modifiée par les nouvelles générations, qui n’ont pas les mêmes références.
Valeur religieuse/spirituelle : Pour les pratiquants, les lieux de culte ont une valeur intrinsèque. La valeur spirituelle et religieuse peut aussi s’appliquer à des éléments de la nature, des routes de pèlerinage ou d’anciens lieux de culte qui ont maintenant un nouvel usage.
- Le patrimoine marocain.
Le patrimoine marocain se compose de nombreux éléments culturels, historiques et architecturaux, tels que les médinas (villes anciennes fortifiées), les kasbahs (châteaux fortifiés), les palais, les mosquées, les jardins, les souks (marchés traditionnels) et les festivals. Ces éléments reflètent l’histoire riche et diverse du Maroc, ainsi que sa culture unique, qui est influencée par les Berbères, les Arabes, les Andalous et les Européens.
La mémoire marocaine est également très importante. Le pays a une histoire riche et complexe qui remonte à des milliers d’années. Les traces de cette histoire peuvent être observées dans les monuments et les sites archéologiques du pays, tels que les ruines romaines de Volubilis, les tombeaux saadiens de Marrakech et les vestiges de la ville romaine de Lixus.
Enfin, l’identité marocaine est marquée par sa diversité culturelle et linguistique, ainsi que par sa religion dominante, l’islam. Le Maroc a également une forte tradition de tolérance et de coexistence entre les différentes communautés religieuses et culturelles, qui est reflétée dans sa Constitution et dans la vie quotidienne des Marocains[4].
En somme, le Maroc est un pays qui prend soin de son patrimoine, de sa mémoire et de son identité, en les préservant et en les célébrant. Cela contribue à renforcer le sentiment d’appartenance des Marocains à leur pays et à leur culture, ainsi qu’à promouvoir leur diversité et leur ouverture sur le monde.
Exemples de sites patrimoniaux au Maroc.
Il y a de nombreux sites au Maroc qui témoignent de son patrimoine, de sa mémoire et de son identité. Voici quelques exemples.
- La médina de Fès : cette ville ancienne est considérée comme le cœur culturel du Maroc, avec ses rues étroites et sinueuses, ses souks animés, ses palais et ses mosquées.
- La kasbah d’Ait Ben Haddou : située dans la région du sud du Maroc, cette kasbah est un exemple remarquable d’architecture traditionnelle marocaine en terre.
- Les tombeaux saadiens de Marrakech : ces tombeaux datent du XVIe siècle et sont un exemple de l’architecture mauresque marocaine.
- La mosquée Hassan II à Casablanca : cette mosquée est l’une des plus grandes du monde et est un symbole de l’architecture et de l’art islamique marocains.
- Les ruines romaines de Volubilis : situées près de la ville de Meknès, ces ruines témoignent de l’histoire romaine du Maroc.
- Le jardin Majorelle à Marrakech : ce jardin botanique est un exemple de la beauté naturelle du Maroc, avec ses plantes exotiques et sa fontaine bleue éclatante.
Histoire du Maroc.
Le Maroc est un carrefour de plusieurs civilisations. Peuplé dès la préhistoire par les Amazighs, il a connu à des degrés variés l’influence des civilisations phénicienne, carthaginoise, romaine, vandale, byzantine et arabe, ce qui a permis au Maroc de se forger une identité culturelle plurielle[5]
Du VIIIème au XVème siècle, le Maroc était un haut lieu de l’histoire de l’humanité, interagissant avec Al-Andalous, terre de coexistence pacifique entre les peuples des trois religions monothéistes. Cette période s’est caractérisée par les travaux de grands penseurs et savants, dont notamment Al-Bakri, Charif Al Idrissi, Moïse Maïmonide, Ibn Rochd – Averroès –, Ibn Khaldoun et Hassan al-Wazzan – Léon l’Africain. L’ouverture du Maroc sur le monde s’est distinguée également par les voyages à l’étranger d’explorateurs illustres, tels que Ibn Battouta. Elle s’est consolidée avec l’établissement de liens de coopération étroite avec des puissances comme l’Angleterre, pays avec lequel le Maroc a huit siècles de relations diplomatiques.
À partir du XVème siècle, le Maroc s’est replié sur lui-même du fait, au nord, de la fin de l’ère musulmane en Andalousie et, à l’est, de la présence de l’Empire Ottoman. Face à cette situation, le Maroc a donné, à partir du XVIème siècle, la priorité à l’ouverture sur l’Afrique.
Il a fallu attendre la deuxième moitié du XVIIème siècle pour que le Maroc s’ouvre de nouveau sur le monde, avec la construction d’un nouveau port à Essaouira et la restauration d’autres ports sur l’Atlantique, notamment le port de Casablanca. Par ailleurs, le Maroc a été le premier pays au monde à reconnaître l’indépendance des États-Unis en 1777 et a établi avec la Russie des relations commerciales en 1778. À partir du XIXème siècle, des Marocains se sont installés en Afrique et en Europe. Des liens ont été tissés avec les nouvelles Républiques d’Amérique du Sud grâce, particulièrement, aux Marocains de confession juive.
L’ouverture historique du Maroc aux peuples et civilisations étrangères
L’histoire du voisinage.
Depuis l’Antiquité, plusieurs civilisations ont interagi en Afrique du Nord, nourrissant ainsi une appétence naturelle du Maroc pour le dialogue avec les autres peuples. Le Maroc est l’un des rares pays à avoir préservé son indépendance pendant plus d’un millénaire, du VIIIème au XXème siècle. En outre, il constitue l’un des premiers États-nations du monde[6]
L’empire Almoravide s’étendait au début du XIIème siècle du fleuve Sénégal au centre de la péninsule ibérique. Le Maroc développa des capacités manifestes à intégrer des territoires et des peuples aussi différents que ceux de l’Afrique subsaharienne et de l‘Occident. Les fortes interactions nouées entre le Maroc et l’Espagne, au temps d’Al-Andalous, irriguent encore aujourd’hui les relations entre les deux pays.
Figure 1 Les empires almoravide et almohade
Source : IRRHM Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc
Algérie
Soutien multiforme du Maroc à la résistance algérienne dans sa lutte pour l’indépendance[7].
- Établissement des relations diplomatiques entre le Royaume du Maroc et la République d’Algérie le 1 er octobre 1962.
- Guerre des Sables en 1963 et différends politiques avec l’Algérie, en raison de sa position concernant la question du Sahara marocain depuis 1975.
Espagne
- Fermeture des frontières avec le Maroc par l’Algérie en 1994
- Signature le 11 février 1957 du traité diplomatique entre le Maroc et l’Espagne.
- Accord de Madrid de 1975, établissant les conditions de retrait de l’Espagne du Sahara marocain.
- Signature en 1991 du traité d’amitié et de bon voisinage entre les deux pays
Mauritanie.
- Reconnaissance de l’indépendance de la Mauritanie par le Maroc en 1969, avec établissement en 1970 des relations diplomatiques entre les deux pays.
- Ambivalence des relations bilatérales, en lien avec la position mauritanienne à l’égard de la question du Sahara marocain.
L’histoire de l’appartenance arabo-musulmane
L’Islam a été introduit au Maroc au VIIème siècle. Une grande partie de la population du Maroc est devenue musulmane.
Le Maroc a entretenu des relations politiques, économiques et spirituelles continues avec les pays du Moyen-Orient depuis lors. Dès le Moyen-Age, l’action marocaine fut marquée par l’appui résolu et solidaire du Maroc aux autres nations arabo-musulmanes :
- face aux Croisés dans les pays du Levant,
- face à la Reconquista qui menaçait Al Andalus,
- face à la France, en soutenant l’émir Abdelkader en Algérie. Le Maroc s’est inlassablement engagé sur la voie de l’affermissement de ses relations historiques, culturelles et de coopération avec les pays arabo-musulmans. Ainsi, certains grands rendez-vous de la coopération entre les Etats arabo-musulmans se sont déroulés au Royaume :
- Le 25 septembre 1969, plusieurs dirigeants de pays à majorité musulmane se sont réunis à Rabat, suite à l’incendie de la mosquée Al-Aqsa pour créer l’Organisation de la Coopération Islamique[8].
- Depuis son adhésion à la Ligue arabe le 1 er octobre 1958, le Maroc a abrité six sommets arabes (1965, 1969, 1974, 1981, 1985 et 1989).
Figure2 La Ligue arabe Figure3 Le Maroc et le monde arabo-musulman
Source : Source : IRES
Source : atlas-historique.net
L’histoire de l’appartenance africaine
Au cours du Paléolithique inférieur (environ un million d’années), Homo erectus a peuplé la quasi-totalité du Maroc. C’est sur le site archéologique de Carrière Thomas 1 à Casablanca qu’un outillage datant de cette période a été découvert. De plus, la moitié des fossiles d’Afrique du Nord a été découverte au Maroc. La relation du Maroc avec l’Afrique est restée liée aux transformations qu’a connues le Sahara qui a fait l’objet de mouvements de migration humaine et d’échanges entre le nord et le sud. Le Maroc a toujours entretenu des relations étroites avec l’Afrique subsaharienne, à travers le commerce caravanier.
- Du XIème au début du XVIIIème siècle, les dynasties qui se sont succédées ont unifié un espace politique et civilisationnel, centré sur le Maroc et étendu jusqu’au fleuve Sénégal et Niger[9].
- Le Maroc s’est engagé, depuis son Indépendance, sur la voie du soutien aux mouvements de libération dans le continent africain et de l’appui résolu et solidaire au mouvement de lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.
- Le Maroc est membre fondateur de l’Organisation de l’unité africaine (aujourd’hui Union africaine), créée en 1963 à Addis-Abeba.
Figure 4 : Le Maroc au XVII-XVIIIème siècle
Sahara, espace d’échanges
Source : IRRHM Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc
L’histoire de l’appartenance euro-méditerranéenne
Une richesse et un patrimoine culturel communs lient le Maroc à l’espace euro-méditerranéen depuis l’Antiquité (3000 ans d’histoire commune) :
- Plusieurs populations venues du pourtour méditerranéen se sont installées en Afrique du Nord depuis l’Antiquité (Grecs, phéniciens, hébreux, romains, vandales et byzantins)[10].
- Du VIIIème au VIème siècle avant Jésus-Christ, il est à noter la présence de comptoirs phéniciens sur les côtes marocaines.
- La Maurétanie Tingitane fut une province romaine pendant plusieurs siècles. Dès le VIIIème siècle, le Maroc a joué un rôle influent en Méditerranée occidentale :
- Huit siècles d’ouverture sur l’Andalousie et les Etats du bassin occidental en Méditerranée.
- Du XIème au XIVème siècle, une succession de dynasties : almoravide, almohade et mérinide ont unifié les deux rives du détroit de Gibraltar (Andalousie).
- Du XVème au XIXème siècle, le Maroc constitue avec l’Espagne, la France et les Royaumes d’Italie les 4 seules puissances capables de faire face à l’expansionnisme ottoman en Méditerranée[11].
Figure 5 : L’empire romain en 117
Source : Geographical Tour
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Figure 6 : Le Sultan du Maroc Sidi Mohammed Ben Abdellah[12]
Source : IRRHM Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc
L’histoire de l’ouverture du Maroc sur l’Asie
Chine : les relations marchandes entre le Maroc et la Chine remontent au Moyen-Age : en 1336, le chinois Wang DAYUAN se rendit au Maroc tandis qu’Ibn Battouta effectuait un voyage en Chine en 1345. Les relations diplomatiques entre le Maroc et la République Populaire de Chine ont été officiellement établies en 1958.
- Inde : les relations entre l’Inde et le Maroc datent du XIVème siècle et du voyage d’Ibn Battouta en Inde. Ses écrits sur la société indienne médiévale constituent une source importante d’information historique. Dans l’histoire moderne, l’Inde avait fortement soutenu le processus de libération du Maroc du protectorat français et avait reconnu l’Indépendance du Royaume en 1956. Les missions diplomatiques, de part et d’autre, ont été établies en 1957.
- Indonésie : les premiers liens entre le Maroc et l’Indonésie ont été tissés durant la phase de préparation de la Conférence de Bandung en 1955, ayant constitué une source d’inspiration pour les pays africains et asiatiques, aspirant à l’indépendance. Les relations officielles ont été établies en 1960.
Le patrimoine d’un pays, d’une région ou d’une ville est le reflet du passé, y compris le métissage de différentes cultures et civilisations, y compris la période historique d’ouverture, mais surtout du présent. Elle questionne ce que nous estimons important de transmettre aux générations futures. Le patrimoine historique peut appartenir à une famille, un village, une tribu, une civilisation, une nation, ou à l’ensemble de l’humanité.
L’UNESCO est la principale organisation de gestion du patrimoine classé au niveau international. Mais au Maroc comme ailleurs,[13] les expressions d’ouverture historique qui ont contribué à l’enrichissement de sa mémoire urbaine et politique se font sentir dans la présence d’autres organisations valorisant certains sites et organisant leur entretien et leur gestion.
L’importance stratégique de la mémoire politique marocaine dans le présent réside dans plusieurs facteurs clés qui ont façonné le positionnement du Maroc sur la scène internationale depuis le XXe siècle. Parmi ces éléments stratégiques figurent :
- Position géographique centrale : Le Maroc occupe une position stratégique au carrefour des continents européen et africain, avec une projection sur le monde arabe. Cette géographie unique place le Maroc au centre des préoccupations des grandes puissances, notamment en matière de sécurité dans le Détroit de Gibraltar, de stabilité politique au sud de la Méditerranée, ainsi que dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel.
- Comportement international fondé sur la modération : Le Maroc a adopté une politique étrangère marquée par la modération politique et religieuse. Cette approche a permis au Royaume de jouer un rôle de médiateur privilégié et de pont entre le monde musulman et l’Occident, favorisant le dialogue et la coopération dans des contextes parfois tendus.
- Sensibilité aux questions globales : Le Maroc manifeste une sensibilité accrue aux défis globaux contemporains tels que le développement humain, la sécurité mondiale, le changement climatique, ainsi que la promotion d’un ordre international équitable et juste. Cette implication active renforce son rôle en tant qu’acteur responsable sur la scène internationale.
- Choix judicieux pour le développement : Le Maroc a fait des choix stratégiques en développant des secteurs économiques porteurs, contribuant ainsi à l’émergence d’une nation moderne tout en préservant ses valeurs et traditions ancestrales. Cette approche permet au Maroc de concilier modernité et héritage culturel, renforçant ainsi son attractivité et son influence sur la scène mondiale.
En somme, la mémoire politique du Maroc, forgée par son histoire et ses choix stratégiques, joue un rôle essentiel dans la consolidation de sa position sur l’échiquier international, faisant du pays non seulement un acteur clé dans son environnement régional mais aussi un partenaire recherché pour la coopération globale.
Les enjeux patrimoniaux au Maroc sont divers et cruciaux pour préserver l’histoire et l’identité culturelle du pays.
Le patrimoine marocain est extrêmement riche et diversifié, reflétant la longue et riche histoire de ce pays d’Afrique du Nord. Les défis liés au patrimoine au Maroc sont nombreux et variés, allant de la conservation et la restauration des sites archéologiques aux complexités de la gestion des villes historiques et des monuments religieux.
Voici quelques-uns des principaux enjeux patrimoniaux au Maroc :
- Conservation et restauration des sites archéologiques : Le Maroc abrite plusieurs sites archéologiques importants tels que les ruines romaines de Volubilis et les vestiges de la civilisation islamique à Fès et Marrakech. La préservation de ces sites est essentielle pour préserver la mémoire et l’histoire du pays.
- Gestion des villes historiques : Les villes historiques marocaines comme Fès, Marrakech et Rabat sont renommées pour leurs monuments architecturaux uniques et leurs quartiers anciens. Cependant, la gestion de ces villes est souvent complexe en raison de problèmes tels que la surpopulation, la pauvreté et le besoin d’infrastructures modernes.
- Protection des monuments religieux : Le Maroc compte de nombreux monuments religieux significatifs, notamment les mosquées historiques de Casablanca, Fès et Marrakech. La préservation de ces monuments est cruciale pour sauvegarder la culture et les traditions religieuses du pays.
- Conservation des oasis et des ksour : Les oasis et ksour (villages fortifiés) marocains représentent un élément essentiel du patrimoine culturel et environnemental du pays. Cependant, ces sites sont souvent menacés par la désertification, la pression foncière et le manque d’infrastructures de base.
- Promotion du tourisme culturel durable : Le tourisme culturel joue un rôle vital dans l’économie marocaine, mais il peut aussi avoir des impacts négatifs sur le patrimoine culturel et naturel. Il est donc crucial de promouvoir un tourisme durable qui respecte les sites historiques et culturels du pays.
En somme, les enjeux patrimoniaux au Maroc sont multiples et complexes. La préservation et la valorisation du patrimoine culturel et naturel du pays nécessitent une approche intégrée impliquant les autorités locales, la société civile, les acteurs économiques et les citoyens. Le patrimoine est non seulement porteur de mémoire et d’identité, mais aussi un symbole crucial de l’identité nationale et de la diversité culturelle marocaine.
Concluions :
Cet article met en lumière l’importance du patrimoine, de la mémoire et du territoire dans l’enrichissement urbain et l’ouverture historique. Le patrimoine joue un rôle central mais souvent contesté, source de conflits mémoriels et d’enjeux de pouvoir. Utilisé comme vecteur du récit national par les autorités publiques et exploité à des fins politiques pour renforcer la cohésion sociale et l’identité collective, il est également perçu par des acteurs privés comme une ressource économique à travers le développement et le tourisme.
L’avenir du patrimoine est étroitement lié aux enjeux économiques et à une vision parfois utilitaire. Pourtant, sa valeur réside aussi dans sa capacité à transmettre l’histoire et à préserver l’identité culturelle. La gestion, l’entretien et la promotion des ressources patrimoniales doivent être intégrés dans le cadre des politiques et des récits historiques officiels, tout en répondant aux besoins contemporains.
Le patrimoine culturel et naturel du Maroc, riche et diversifié, témoigne de l’histoire et de la culture profondes de ce pays d’Afrique du Nord. Sa conservation et sa valorisation sont cruciales non seulement pour préserver la mémoire collective mais aussi pour promouvoir un tourisme durable et créer des opportunités économiques dans les secteurs culturels et créatifs.
La préservation de ce patrimoine nécessite une approche holistique impliquant les autorités locales, la société civile, les acteurs économiques et les citoyens. Des politiques publiques efficaces, des programmes de sensibilisation et des partenariats internationaux sont essentiels pour assurer une gestion durable et une protection efficace du patrimoine marocain.
En somme, le patrimoine culturel et naturel du Maroc est un pilier essentiel de son identité collective et de sa mémoire. Sa sauvegarde et sa valorisation sont indispensables pour un développement durable et pour promouvoir la diversité culturelle et environnementale, contribuant ainsi à renforcer l’unité et la fierté nationales.
Bibliographie
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[1] Le patrimoine culturel et l’identité nationale au Maroc”, Abdeljalil Akkari, dans la Revue des sciences humaines, 2014.
3Le patrimoine culturel immatériel au Maroc : entre reconnaissance internationale et revendications locales”, Youssef Ait Akdim, dans la Revue Tiers Monde, 2015
[3] Le patrimoine culturel immatériel au Maroc : entre reconnaissance internationale et revendications locales”, Youssef Ait Akdim, dans la Revue Tiers Monde, 2015
6 Le patrimoine culturel immatériel au Maroc : entre reconnaissance internationale et revendications locales”, Youssef Ait Akdim, dans la Revue Tiers Monde, 2015
[5] Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc : Chronologie de l’Histoire du Maroc : des temps préhistoriques à la fin du XXème siècle (2013).
[6] Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc : Chronologie de l’Histoire du Maroc : des temps préhistoriques à la fin du XXème siècle (2013).
9 Le patrimoine culturel et l’identité nationale au Maroc”, Abdeljalil Akkari, dans la Revue des sciences humaines, 2014.
10Institut Royal pour la Recherche sur l’Histoire du Maroc : Chronologie de l’Histoire du Maroc : des temps préhistoriques à la fin du XXème siècle (2013).
11 B. LUGAN, Histoire de l’Afrique des origines à nos jours (Editions Ellipses, 2009).
12 E. LEVI PROVENCAL, Maroc, Atlas historique, géographique et économique, Edition Horizon de France, 1935.
“Le patrimoine culturel et l’identité nationale au Maroc”, Abdeljalil Akkari, dans la Revue des sciences humaines, 2014
13E. LEVI PROVENCAL, Maroc, Atlas historique, géographique et économique, Edition Horizon de France, 1935.
[12] R. Ricard, “Des juifs marocains en Amérique du Sud, Revue de géographie du Maroc 2-3 (1928).
“Le patrimoine culturel et l’identité nationale au Maroc”, Abdeljalil Akkari, dans la Revue des sciences humaines, 2014