Theater as a didactic tool to develop language skills of learners

Prepared by the researcher
- Touria MOUKATE, Doctorante (Université Ibn Tofail Maroc) touria
- Mounia BENAMEUR, Professeur de l’enseignement supérieur (Université Ibn Tofail, Maroc)
Democratic Arabic Center
Journal of cultural linguistic and artistic studies : Thirty Issue – December 2023
A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin
Journal of cultural linguistic and artistic studies
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Abstract
The development of oral language skills is one of the objectives of teaching French in the primary cycle. In this contribution, we have exploited theater as a playful didactic tool for learning and for remediation of difficulties related to the comprehension and production of oral.
Our objective is to see how theatrical activities could develop the learner’s ability to understand the different modes of verbal and non-verbal communication and to use them to communicate.
Introduction
L’enseignement apprentissage de la langue française au Maroc commence dès la deuxième année du primaire, c’est-à-dire que l’apprenant découvre la langue de Molière en même temps qu’il découvre la langue officielle, à savoir l’arabe standard.
La masse horaire consacrée au français est de huit heures par semaine, cependant, à la fin des études primaires, on est devant un constat inquiétant. Nos apprenants sont incapables de communiquer en français car beaucoup d’entre eux ont encore des difficultés en matière de maîtrise de la langue française. Selon une étude réalisée par l’PNEA[1] en 2019, « 41% des élèves n’ont pas acquis, au cours des années antérieures, les ressources linguistiques requises pour poursuivre les cours de français prescrit en 6ème année primaire et seuls 12% ont assimilé la totalité dudit programme. »
Ce constat nous pousse à nous demander s’il n’est pas judicieux de diversifier les méthodes d’enseignement/apprentissage de la langue française en adoptant des méthodes et des pédagogies nouvelles dans lesquelles l’apprenant pourra apprendre tout en s’amusant.
L’objectif de cette recherche est celui de suggérer d’autres pistes et d’autres outils d’apprentissage de la langue en vue du développement des compétences langagières des apprenants. Des moyens d’enseignement, différents, qui changent de la monotonie de la classe du FLE et qui créent un lieu et un espace d’apprentissage où l’apprenant ne sent pas les contraintes du cours de langue et où l’enseignement apprentissage et synonyme de plaisir. Nous faisons allusion au théâtre comme nouveau vecteur d’apprentissage.
L’objet de l’étude réside dans la corrélation entre l’enseignement du français par le théâtre et le développement des compétences langagières orales chez les apprenants. Nous allons essayer de voir comment les activités théâtrales, lorsqu’elles sont utilisées comme outil didactique authentique, pourraient améliorer la compréhension et la production orales chez les apprenants ?
Pourquoi une approche par le jeu ?
Le jeu est universel, il est propre à tous les groupes sociaux et toutes les civilisations. Dans toutes les sociétés et les cultures, le jeu a toujours fait partie de la vie de l’enfant.
Dans son livre « jouer/apprendre », Brougère met en avant la relation étroite entre le jeu et l’apprentissage « C’est dans le jeu que l’enfant apprend et apprend à apprendre »[2] (Delory-Momberger: 2006), ainsi, il attribue au jeu un rôle fonctionnel en le considérant comme un outil de développement de l’enfant et un support d’apprentissage.
Dans cette contribution nous avons choisi le jeu de rôle comme outil et vecteur d’apprentissage. Le jeu de rôle n’est pas méconnu des enfants car depuis leur bas âge, ils ont tendance à imiter leur entourage (parents, animaux ou autre), à imaginer des personnages ou des êtres fictifs (princesse, sorcière, dragon…) et à créer des situations imaginaires (jouer à la maman, faire les courses…).
Notre but est de mettre les apprenants dans des situations d’apprentissage dans lesquelles ils vont apprendre tout en s’amusant. Nous avons ciblé deux aspects de la communication orale : la communication verbale et la communication non verbale.
Nous allons donc essayer de voir comment la pratique théâtrale, à travers les jeux de rôle, pourrait contribuer au développement des compétences langagières verbale et non verbale des apprenants ? Quelles sont les autres compétences qu’on peut travailler grâce aux activités de jeux de rôle ?
Etat des lieux
A l’école marocaine, le cours de théâtre n’existe pas en tant que matière indépendante et à part entière. Cependant, nulle ne peut nier que les activités théâtrales peuvent être des supports d’acquisition d’apprentissages et de développement de compétences forts si elles sont pensées, organisées et utilisées comme un outil pédagogique.
C’est à partir de cette conviction que nous avons décidé de mener cette recherche en mettant en place un projet d’école : il s’agit d’un atelier théâtre spécifique aux apprenants de la 6ème AEP[3] de l’école où je travaille. Il vise le soutien, le renforcement des apprentissages et le développement des compétences langagières orales des apprenants.
- La mise en place du projet
Il était prévu que le projet débute en septembre 2020, seulement, il a été retardé à cause de la pandémie du Covid-19 qui a perturbé les modes d’enseignement et déstabilisé les pratiques pédagogiques dans le monde entier.
Après la fermeture des établissements scolaires en mars 2020 et le recours à l’enseignement à distance auquel un grand nombre d’apprenants n’ont pas pu y accéder, la rentrée scolaire 2020/2021 a marqué le retour au présentiel malgré la situation catastrophique de la pandémie. Ce choix était fait par les parents d’élèves suite à leur mauvaise expérience avec l’enseignement à distance.
Pour ce fait, un protocole sanitaire ainsi que plusieurs mesures ont été mis en place avant et après la reprise des cours : l’obligation du port du masque, l’interdiction du groupement des élèves en grand nombre et le respect de la distanciation physique d’un mètre.
Afin de respecter cette distanciation et surtout dans les salles de classe, certaines écoles, y compris la nôtre, ont dû diviser les élèves en trois groupes, ainsi les apprenants bénéficiaient d’un enseignement alterné : deux jours de présentiel et quatre jours d’auto-apprentissage à la maison.
Telles étaient les circonstances et les raisons qui ont retardé le projet de « l’atelier théâtre ». Nous avons donc dû attendre jusqu’au mois de février pour commencer, et bien sûr, nous avons fait en sorte de prendre en considération toutes les mesures de prévention sanitaire pour le bien de tous. Ainsi le nombre d’élèves par groupe ne dépassait pas 12 apprenants, ils devaient tous porter des masques et surtout respecter la distanciation.
- Les techniques d’investigation entreprises
Tout travail de terrain exige des techniques d’investigation empiriques. Concernant le nôtre, et pour le mener à bon terme, nous avons eu recours aux techniques d’investigation suivantes :
- Le pré-test (Annexe 1)
Même si le but de l’atelier théâtre que nous avons créé n’est pas « d’enseigner le théâtre » mais plutôt d’ « enseigner par le théâtre », les apprenants seront appelés, à travers les diverses activités de l’atelier théâtre, à utiliser un lexique spécifique au théâtre. Nous avons donc estimé important d’évaluer leurs connaissances antérieures en lien avec le lexique en question par un pré-test. Le même pré-test sera administré à la fin de l’atelier pour voir l’évolution de leurs acquis.
L’atelier théâtre sera utilisé comme outil didactique pour travailler les outils de la langue à savoir certaines règles grammaticales et lexicales relatives au programme de la 6ème AEP. Nous avons donc administré un deuxième pré-test pour évaluer les acquis antérieurs des apprenants concernant les règles linguistiques en question.
- L’observation directe
C’est une technique d’investigation qui nous permet d’observer les acteurs en temps réel. De recueillir des données à la lumière desquelles nous avons pu revoir nos choix pédagogiques, conserver quelques uns et modifier d’autres.
- L’enregistrement audio et vidéo d’un corpus varié
Ces supports nous ont permis de repérer l’évolution des prestations des apprenants sur tous les niveaux des compétences ciblées au préalable, mais surtout de s’arrêter sur les difficultés, les classer et les analyser en vue d’une correction ultérieure ce qui réduira les écarts entre les apprenants.
- Fiches d’auto-évaluation (Annexe 2)
Ce processus permet à l’apprenant de réfléchir à son propre apprentissage, de repérer ses difficultés et d’évaluer lui-même sa propre prestation ainsi que sa progression. Il pourra aussi évaluer le travail de son groupe et celui des autres. A la fin, il donnera son appréciation sur les activités proposées tout au long de cet atelier.
- Lieu d’investigation
Il s’agit d’une école publique à la ville de Meknès, lieu où je travaille. Elle est située au périphérique d’un quartier populaire. Elle accueille un grand nombre d’élèves issus de milieu défavorisé. Un grand nombre d’entre eux vivaient dans les bidonvilles de la ville de Meknès. Ils ont été relogés dans ce quartier grâce aux efforts de l’état pour combattre l’habitat insalubre. Ils sont issus de familles modestes, des parents exerçants des métiers précaires (serveur, vendeur ambulant, femme de ménage…)
- Le public cible
Le public cible était les apprenants de la 6ème AEP. Dans l’établissement, il y avait trois classes de 6ème année de 36 apprenants chacune. Au début, notre projet consistait à soutenir les apprenants ayant des difficultés par le biais d’activités théâtrales. J’ai donc demandé aux enseignants de français des autres groupes de la 6ème d’élaborer une liste des apprenants en difficultés et de leur expliquer le concept.
Seulement, lorsque les professeurs ont parlé du projet aux apprenants, même ceux qui n’avaient pas beaucoup de difficultés étaient enthousiastes pour participer à l’expérience. Nous avons fini par les intégrer aux groupes.
L’idée de former des groupes de classes différentes nous a permis de diversifier les stratégies d’enseignement/ apprentissage et d’adopter diverses pédagogies telle que la pédagogie de groupe.
« On appelle pédagogie de groupe celle qui s’exerce avec des groupes qui ne sont pas de la même classe, au sens habituel du mot. Les groupes résultent, soit de la partition d’une classe en plusieurs sous-ensembles, soit de l’association d’élèves qui n’appartiennent pas habituellement à la même classe. » [4](Raynal et Rieunier: 1997, 213)
- Modalité d la mise en œuvre de l’atelier théâtre
5.1. La constitution des groupes
Etant moi-même enseignante qui exerce depuis plus de vingt ans, pendant lesquelles j’ai souvent enseigné la langue française aux apprenants de la sixième année du primaire. De ce fait, je connaissais les compétences relatives aux apprenants de la 6ème AEP ainsi que les difficultés qui entravent leur apprentissage. Pour (Tardif et Lessard ) (1999)[5], l’expérience de l’enseignant joue un rôle sur sa flexibilité, sa souplesse et sa gestion du temps; sa connaissance du programme d’études influence les priorités qu’il arrive à établir et à sa répartition chronologique des contenus.
D’une autre part, j’ai déjà eu recours au théâtre dans le passé. Je connaissais donc l’intérêt qu’il apporte aux apprenants et son impact sur les apprentissages. Ainsi et pour un bon déroulement de l’atelier théâtre, il a fallu limiter le nombre de participants. Mais vu la demande pressante des apprenants, nous avons dû constituer quatre groupes. Nous avons accueilli cinquante apprenants des trois classes de la 6ème AEP.
Pour travailler dans des conditions sanitaires et éducatives favorables, et pour que tous les apprenants intéressés par cet atelier puissent y participer, nous avons décidé de former quatre groupes. Chaque groupe va bénéficier d’une séance par semaine d’une durée de deux heures. Les objectifs attendus de chaque groupe seront les mêmes, seul le support didactique qui changera.
Le tableau ci-dessous présente les données du projet :
Tableau 1 : données du projet
Nombre de groupes | 4 |
Nombre d’apprenants par groupe | 12 |
Durée du projet | 12 semaines |
Nombre de séances par groupe | 12 |
Durée de la séance | 2 heures |
Temps du déroulement | Du 15 février au 06 juin 2021 |
Titres des pièces choisies | – Le goûter
– La cage au lion – Vous les hommes ! |
- . L’aménagement de la salle
Puisque l’école ne dispose pas de salle de théâtre, nous nous sommes contentés d’utiliser une simple salle de classe qui servait comme débarras. Avec l’aide du directeur de l’établissement, nous avons fait en sorte de la vider, d’y mettre un tableau, quelques tables et des rideaux pour l’utiliser comme espace de travail.
Nous avons donc disposé les tables sous forme d’un demi-cercle afin de garder, au milieu, un espace vide pour les jeux de dramatisation.
- Scénario pédagogique
- Introduire une approche ludique en classe de FLE à travers une pratique théâtrale
L’apprentissage d’une langue ne se fait pas seulement par une mémorisation de règles grammaticale, lexicale ou orthographique ou par la réalisation d’une multitude d’exercices écrits. Pour une acquisition efficace et réelle, l’apprenant doit mettre en pratique ses acquis linguistiques dans des situations concrètes ou similaires à la vie réelle. Chose qui va le préparer à sa vie future, selon Huizinga , « la vie sociale se passe en grande partie en jeux. »[6] (Di Filippo, 2014). D’où l’importance d’introduire les activités théâtrales dans les pratiques de classe de langue.
Selon le CECRL[7], l’enseignant peut adopter une pratique théâtrale en classe de FLE, et ce, « en créant des situations et en mettant en place des activités (par exemple le jeu de rôle et la simulation) »qui contribuent « au développement de la capacité de l’apprenant à utiliser des stratégies communicatives ».
- La pratique théâtrale à travers les jeux de rôle
Le jeu de rôle en classe de FLE crée un climat détendu propice aux apprentissages. Le Dictionnaire de didactique du français définit le jeu de rôle comme «Une activité d’apprentissage dite ludique guidée par des règles de jeu et pratiquée pour le plaisir qu’elle procure. Elle permet une communication entre apprenants orientée vers un objectif d’apprentissage » [8](Cuq : 2003, 106)
Ainsi, l’apprenant se sent dans son environnement naturel, celui du jeu. Cela crée une atmosphère détendue qui favorise l’apprentissage. On incite donc les apprenants à s’exprimer librement, à donner libre court à leur imagination, à être créatifs et à agir et réagir dans diverses situations.
L’enseignant jouera le rôle d’animateur, il faut tout de même qu’il rappelle aux apprenants le but éducatif des activités.
Le jeu proposé doit prendre en considération l’âge des apprenants et leurs centres d’intérêts. Il « peut varier suivant le niveau des apprenants et le but de l’activité ». [9](Sheils : 1993,170). Ainsi l’enseignant pourra commencer par des jeux de rôle simples pour, qu’ensuite, avancer vers des situations plus complexes. Il peut aussi passer des jeux de rôles individuels à ceux en binôme ou en groupe où les apprenants peuvent s’échanger deux ou trois répliques et avoir l’occasion de réagir à un énoncé par des mots ou tout simplement par un geste.
- La pratique théâtrale à partir d’un texte
Travailler un texte théâtral en classe de langue vise deux compétences, la compréhension de l’écrit et la production de l’oral. Les apprenants sont appelés à étudier le texte à travers l’identification des personnages, des lieux, de l’objet, des événements et autres. Ils seront aussi amenés à discuter, s’exprimer autour de l’idée ou les idées véhiculées dans le texte et à découvrir aussi la structure, les caractéristiques et les composantes de ce type d’écrits.
Dans son article, Les activités théâtrales en classe de français langue étrangère, (2014)[10], Vlad Dobroiu propose d’utiliser le texte théâtral en classe de langue comme outil pour remédier aux difficultés liées à la lecture et à la prononciation en travaillant le débit, l’intonation et le rythme.
Il peut aussi être utilisé comme outil didactique pour travailler certains aspects linguistiques et grammaticaux tels que la négation, l’interrogation, la pronominalisation… Ainsi, l’apprenant découvrira l’usage de ces faits de langue dans des situations authentiques.
Une fois que la pièce théâtrale est appropriée par les apprenants, l’enseignant peut s’en servir pour travailler la compétence de la production de l’écrit, soit en les invitant à rédiger un résumé de la pièce en question soit de réutiliser le lexique et les structures étudiées pour élaborer de nouveaux textes.
- La planification des apprentissages
Pour réaliser notre projet qui vise le développement des compétences langagières orales des apprenants de la 6ème année du primaire, une planification de l’enseignement-apprentissage s’impose.
La planification de l’enseignement apprentissage est le résultat des décisions prises par l’enseignant à partir de son interprétation des informations dont-il dispose. Dans notre cas, nous avons mis en avant les attentes curriculaires[11] ainsi que les besoins des apprenants[12]. Tous ces éléments sont pris en considération lors de l’élaboration des activités d’enseignement / apprentissage à travers lesquelles nous allons répondre à ces besoins et atteindre les objectifs. Notre premier travail à faire était de planifier des scénarios pédagogiques d’enseignement-apprentissage et d’évaluation.
- Compétences langagières visées
La compétence représente ce qu’un individu est capable de réaliser. Selon (Raynal & Rieunier), la compétence est un :
« Ensemble de comportements potentiels (affectifs, cognitifs et psychomoteurs) qui permettent à un individu d’exercer efficacement une activité considérée généralement comme complexe. […] Elle englobe des savoirs, savoir-faire et savoir-être intimement liés. ». (Raynal & Rieunier : 2007, 76)[13]
Pour Meirieu , elle est « un savoir identifié mettant en jeu une ou des capacités dans un champ notionnel ou disciplinaire donné ». (Meirieu : 1991, 181)[14]. Cela signifie que dans une situation déterminée, il faut combiner plusieurs capacités afin d’atteindre le résultat espéré.
Dans le cadre de notre atelier théâtre, le tableau ci-dessous résume les divers aspects visés :
Tableau 2 : Les compétences visées par l’atelier théâtre
Compétence : Comprendre et produire, oralement, à partir de supports iconiques, graphiques, audio et/ou audiovisuels, des énoncés variés | |
Domaine de la langue orale |
-S’exprimer de façon compréhensible (prononciation, articulation), dans des situations diverses : raconter, exprimer un point de vue une opinion, expliquer, justifier
-Dire et mémoriser des dialogues. -Utiliser une vidéo sans paroles pour construire du sens |
Des savoirs fonctionnels |
-Prendre conscience des autres modes d’expression (mimes, gestes)
-Prendre conscience du code commun. -L’éveil de la sensibilité esthétique par un travail de groupe |
Des savoir-faire |
-Exprimer par la parole devant le grand groupe.
-Utiliser le lexique, la syntaxe et la morphologie comme outil pour s’exprimer -Maîtriser sa respiration, son articulation, le dosage de la voix, l’intonation. |
Des savoir- être | -Être bien pour dire, avoir confiance en soi.
-Écouter et se faire écouter. |
- La progression du projet
Tout d’abord, nous avons évalué le nombre de séquences incluses dans le projet et défini pour chaque séquence l’objectif à atteindre. A partir de là, nous avons pu déduire les contenus de chaque séquence et le nombre de séances envisagées pour chacune. L’ensemble des séquences fera apparaître la progression des acquis des apprenants.
Notre projet contient quatre séquences : la première est consacrée à sensibiliser les apprenants aux activités théâtrales et à travailler les compétences langagières verbale et non verbale à travers des activités de jeux de rôle, de mime et d’improvisation. La deuxième vise la découverte de l’art du mime et le comique de situation. La troisième et la quatrième concernent le travail sur deux pièces théâtrales qui ont été choisies comme supports didactiques pour notre projet.
Tableau 3 : progression du projet
Séquence 1 | Séquence 2 | Séquence 3 | Séquence4 | ||||||||
Séance 1 | Séance 2 | Séance 3 | Séance 1 | Séance 2 | Séance 3 | Séance1 | Séance2 | Séance 3 | Séance 1 | Séance 2 | Séance 3 |
Improvisation
Mime et jeu de rôle |
Extrait du film
«La cage au lion » |
Pièce de théâtre intitulée «Le goûter » | Pièce de théâtre intitulée «Vous les hommes !» | ||||||||
- Choix des pièces
Dans cet atelier, nous avons choisi deux pièces théâtrales : « Le goûter » et « Vous les hommes ! » .Ce choix ne s’est pas fait aléatoirement mais il est motivé par plusieurs raisons et basé sur plusieurs critères :
- La longueur du texte
La première pièce « le goûter » est courte et les répliques des personnages le sont aussi. Et vu que la majorité des apprenants n’ont jamais fait de théâtre, nous avons estimé qu’il serait préférable de commencer par un texte court ce qui facilitera sa compréhension et la mémorisation des répliques et surtout de mettre les apprenants en confiance.
Ce qui est de la deuxième pièce « Vous les hommes », elle a la particularité d’avoir quelques répliques qui sont très longues. Chose qui poussera les apprenants à se dépasser et à faire un effort supplémentaire surtout au niveau de la mémorisation et de surmonter leur timidité et faire face au public.
Le critère de la longueur des répliques était important pour nous car il permet de pratiquer la différenciation dans l’enseignement apprentissage. C’est à dire que tous les apprenants pourront participer même ceux qui ont des difficultés de mémorisation et ce, en choisissant des répliques courtes. Le choix des rôles revient aux apprenants eux-mêmes, car au moment où ils découvrent la pièce théâtrale, chacun choisi le personnage qu’il veut jouer plus tard.
- La mise en scène
Nous avons commencé par une pièce qui contient des indications de jeu (didascalies) dans laquelle les apprenants étaient appelés à les réaliser pour une bonne dramatisation. Elles n’étaient pas nombreuses certes, mais c’était une occasion pour qu’ils apprennent qu’une pièce de théâtre, en plus du texte, se constitue de plusieurs éléments : décor, gestuels, accessoires, expressions du visage, ton, intonation… Des éléments délivrés par les didascalies et qui sont primordiaux pour le jeu théâtral.
Dans la deuxième pièce, il n y avait pas de mise en scène. Après la lecture et la compréhension de la pièce, nous avons laissé aux apprenants une grande marge de liberté. Ce sont eux qui se sont mis d’accord sur la mise en scène de la pièce, les tons, les déplacements sur scène, les gestes… Mais aussi d’apporter les accessoires qu’ils estiment importants et d’en créer d’autres. (Annexe3)
- Critères liés au fonctionnement de la langue
Les pièces choisies peuvent être exploitées didactiquement par les enseignants de français. Elles peuvent être utilisées comme supports didactiques pour aborder plusieurs aspects du fonctionnement de la langue relatifs au programme de la 6ème AEP.
Dans notre recherche, nous avons utilisé ces pièces pour travailler les aspects suivants[15] :
- Les types et formes de phrases : « Tu m’en donnes un peu ? » « Oh ! Dis donc ! »
- La pronominalisation du complément du verbe : «Si je t’en donne, ça m’en fera moins. »
- L’interrogation totale et partielle : « Tu veux un morceau du mien ?»
- L’accord de l’adjectif : « un gâteau énorme » « des parts grosses ».
- Les temps de conjugaison : « c’était » « Venez, dis,… » « Tu n’as pas dit/ il a coupé»
- La phrase nominale et la phrase verbale : Tant mieux pour toi ; On peut toujours partager.
- Savoir utiliser le lexique relatif à la citoyenneté et le comportement civique : offrir ; donner ;
- La négation : Je n’ai pas de goûter ; Je n’ai plus faim.
- Identifier et utiliser la synonymie et l’antonymie : offrir/ donner ; A grand bruit/ silencieusement
- Identifier les préfixes et les suffixes et former des mots dérivés: apporter ; déballer
- Identifier les noms composés : demi-sandwich
- Présentation d’une partie de la séance 1 séquence1
Compétences visées
-S’exprimer avec les gestes.
-Acquérir un lexique thématique (relatif aux métiers)
– Acquérir des savoirs et savoir-faire relatifs aux constituants et aux fonctionnements de la langue.
Objectifs
- L’apprenant doit être capable de communiquer un message avec les gestes sans l’usage du langage verbal.
- L’apprenant doit être capable de comprendre le langage non verbal et de remplacer le geste par la parole afin d’organiser des phrases dans un ensemble cohérent.
- L’apprenant doit être capable d’acquérir le lexique relatif aux métiers
Activité 1
Lors du pré-test conçu pour évaluer la compétence langagière orale des apprenants, et au moment où ils passaient sur scène pour se présenter, nous avons remarqué qu’un grand nombre d’entre eux ne connaissait pas les métiers de leurs parents, ils nous le demandaient avant leur passage ou même pendant leurs prestations. Ce constat nous a poussés à improviser une activité de jeu de rôle pour remédier à cette difficulté. Cela fait partie du soutien instantané.
Le jeu consiste à passer sur scène et de mimer le métier de leurs parents, ou tout autre métier, avec les gestes. Le groupe classe doit trouver le nom du métier en question en français. En cas d’échec, nous intervenons pour le dire aux apprenants.
Retour sur la pratique
L’objectif était donc de travailler le lexique relatif aux métiers. Grâce à cette activité, les apprenants ont pu véhiculer et découvrir le lexique suivant : avocat, maître, soldat, serveur, infirmier, tailleur, maçon, vendeur ambulant…
Cette activité était l’occasion pour travailler d’autres capacités liées à la structure de la phrase. Les apprenants étaient appelés à construire des phrases simples et bien structurées en transformant les gestes de leur camarade en phrases. Voici quelques exemples de phrases élaborées par les apprenants :
- Le maitre entre en classe, dépose son cartable sur le bureau, écrit la date et explique la leçon ;
- Le maçon construit des maisons ; Le maçon construit de grands bâtiments ;
- Le tailleur prend les mesures.
Activité 2
-Un apprenant passe sur scène et fait une action juste avec les gestes (Avec ou sans objets). Le reste de la classe doit transformer le langage non verbal de leur camarade en langage verbal. Ainsi, ils seront appelés à décrire ce qu’il fait en utilisant des phrases simples et bien structurées.
Voici quelques exemples d’actions proposées et jouées par les apprenants : prendre un stylo et écrire une lettre, mettre une veste, déposer une valise, compter des fiches, téléphoner, jouer à la corde…
Retour sur la pratique
A travers cette activité, nous avons pu travailler plusieurs compétences :
-La production de l’oral : les apprenants ont pu réaliser et construire des phrases grammaticalement correctes : les mots ne sont plus abstraits pour eux car en observant le langage non verbal de leurs camarades, ils remplacent le geste par le mot ainsi les apprentissages ont un sens et le lien entre parole et geste est établi de manière concrète.
-La compétence lexicale : cette activité offrait la possibilité d’utiliser un nombre non négligeable de verbes d’actions. Il s’agit de verbes usuels connus par les apprenants (ouvrir, prendre, écrire, manger, dormir…) mais aussi de verbes nouveaux que nous leur avons donné (s’assoir sur une chaise, verser le thé, éplucher une banane …)
-La compétence grammaticale : En analysant leurs productions orales, on constate une évolution au niveau de certaines erreurs récurrentes qui ont été surmontées au fur et à mesure des présentations comme l’omission du verbe, l’utilisation du verbe à l’infinitif…
Pour travailler d’autres aspects de la langue, nous avons divisé la scène en trois parties : à gauche (l’action se déroule au passé), au milieu (l’action se déroule au présent) et à droite (l’action se déroule au futur).
Cette variante du jeu nous a permis de travailler les temps de conjugaison avec les apprenants. Ainsi, si le joueur se place au milieu, ses camarades doivent trouver la phrase qui correspond à son geste en conjuguant le verbe au présent et font les modifications nécessaires s’il se déplace.
Conclusion
Dans cet article, nous avons utilisé le jeu de rôle, qui est l’une des facettes des activités théâtrales, comme outil pour travailler les compétences langagières orales verbale et non verbale. Les apprenants ont compris, qu’en plus du texte, le texte théâtral se compose d’autres moyens d’expression : la voix, le corps, le ton, les gestes, les expressions du visage….
Grâce aux activités proposées, les apprenants ont pu maîtriser les diverses manières de s’exprimer. Ils ont réussi de passer d’un langage à l’autre, de réaliser concrètement des gestes porteurs de messages, de remplacer le geste par la parole et de construire des phrases simples et bien structurées.
En plus de la compétence langagière orale, cette activité a servi à travailler certaines compétences transversales qui constituent un savoir agir fondé sur la mobilisation et l’utilisation efficaces d’un ensemble de ressources. Ainsi, Les jeux proposés offraient aux apprenants l’occasion de présenter leurs performances devant le groupe, de faire face au public et de dépasser leur timidité, d’être disciplinés et impliqués dans leur propre apprentissage en étant créatifs et pleins d’imagination.
Bibliographie
- Conseil de l’Europe. (2001). Un Cadre Européen Commun de Référence pour les langues apprendre, enseigner, évaluer. Paris: Didier, p112
- Cuq, J-P. (2003). Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde, CLE International. p106
- Delory-Momberger, C. “G. Brougère. Jouer/Apprendre”, L’orientation scolaire et professionnelle [Online], 35/3 | 2006, Online since 28 September 2009, connection on 31 August 2023. URL: http://journals.openedition.org/osp/1033; DOI: https://doi.org/10.4000/osp.1033
- Di Filippo, L. « Contextualiser les théories du jeu de Johan Huizinga et Roger Caillois », Questions de communication[En ligne], 25 | 2014, mis en ligne le 01 juillet 2016, consulté le 31 août 2023. URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/9044 ; DOI : https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.9044
- Meirieu .Ph. (2016), Apprendre…oui, mais comment ?, Paris : ESF éditeur, 8e éd ? p181
- Programme National d’Evaluation des Acquis des élèves de la 6ème année du primaire et de la 3ème année du secondaire collégial, 2019, p19.
- F, Rieunier. A. (1997). Pédagogie : dictionnaire des concepts clés, Paris : ESF éditeur, p 213
- Sheils, J. (1993). La communication dans la classe de langue, Strasbourg, édition du conseil de l’Europe. p170
- Tardif, M., & Lessard, C. (1999), Le travail enseignant au quotidien: expérience, interactions humaines et dilemmes professionnels. Presses Université Laval.
- Vlad, D, Les activités théâtrales en classe de français langue étrangère, Synergies Roumanie n°9 – 2014, p. 93-99
ANNEXES :
Annexe 01
Groupe | |
Élève n° |
Indique la définition de chaque mot:
Le théâtre:
1 | Personnage | A | C’est l’action, c’est l’histoire de la pièce | |
2 | Nœud | B | C’est la fin de la pièce de théâtre | |
3 | Intrigue | C | Les comédiens | |
4 | Dénouement | D | Le moment où l’intrigue est arrivée à son point essentiel |
1= | 2= | 3= | 4= |
La construction d’une pièce:
1 | Acte | A | Scène 1 de l’acte1 | |
2 | Scène | B | Action dans une pièce de théâtre /Partie du théâtre où jouent les acteurs | |
3 | Scène d’exposition | C | Différentes parties d’une pièce de théâtre |
1= | 2= | 3= |
Le genre de la pièce:
1 | Comédie | A | Un théâtre sans mots | |
2 | Tragédie | B | Une pièce divertissante qui se termine bien | |
3 | Le mime | C | Une pièce qui se termine mal |
1= | 2= | 3= |
L’écriture d’une pièce:
1 | Dialogue | A | Parole d’un personnage | |
2 | Réplique | B | Phrases données par l’auteur sur la manière dont la pièce doit être jouée | |
3 | Didascalie | C | Des personnages qui se parlent |
1= | 2= | 3= |
Pré-test : évaluer la compétence lexicale relative au lexique théâtral des apprenants
Annexe 02
J’ai bien utilisé les différents tons pour m’exprimer | |||
J’ai bien utilisé mon visage pour exprimer des sentiments et des émotions | |||
J’ai bien utilisé les gestes pour m’exprimer | |||
J’ai bien mimé des situations | |||
J’ai bien mimé des attitudes | |||
Je suis satisfait de mon travail | |||
Je suis satisfait du travail du groupe | |||
J’ai bien aimé ces activités |
Fiche d’auto-évaluation
Annexe 03
Accessoires crées et préparés par les apprenantseux que nous avons travaillés avec nos apprenants.