Research studies

Le recours à la didactique intégrée en classe de DNL au Maroc

The usage of integrated didactics in non-linguistic subjects in the moroccan classroom

 

Prepared by the researcher  :   Zhaoui Laila – Université Ibn-Tofail. Kenitra. Maroc. – Faculté des lettres et des sciences humaines. – Laboratoire Langage et Société.

Democratic Arab Center

Journal of cultural linguistic and artistic studies : Twenty-first Issue – November 2021

A Periodical International Journal published by the “Democratic Arab Center” Germany – Berlin

Nationales ISSN-Zentrum für Deutschland
 ISSN  2625-8943

Journal of cultural linguistic and artistic studies

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Résumé

Cette étude porte sur l’enseignement des DNL en français qui nécessite une articulation entre la langue d’enseignement et les disciplines scientifiques. Il est primordial de mobiliser des ressources bilingues, d’opter pour l’alternance entre l’arabe et le français et de recourir à la traduction pour garantir la compréhension. L’enseignant des DNL est amené à adopter une didactique intégrée puisque le croisement des langues encourage le partage du savoir.  Le français est une langue fonctionnelle permettant de transmettre un savoir et d’enseigner des contenus scientifiques. Alors elle devient une      « langue vecteur » et non pas une « langue objet ».

Abstract

This study focuses on teaching non-linguistic subjects using French in the moroccan classroom which calls for a combination between the teaching language and the scientific subjects taught. It is necessary to mobilise bilingual resources; opting for an alternation between Arabic and French, also using translation to guarantee a better understanding. The teacher should adopt an integrated didactic because the combination of arabic and french better motivates the share of knowledge.  French is a functional language that allows the transmission of knowledge and the teaching of scientific contents. In this case, it becomes a transmitting language not a target one.

  1. Introduction

   Suite à la mise en pratique du parcours international au collège à partir de 2017, on enseigne les disciplines scientifiques dans une langue que la majorité de nos apprenants ignore, ne maitrise pas ou la maitrise partiellement. Il faut noter que les compétences linguistiques de nos apprenants en français sont insuffisantes et le discours de l’enseignant n’est pas à leur portée d’où la nécessité de recourir à l’alternance et à la traduction en classe de DNL et cela à travers le passage de la langue communicative à la langue véhiculaire du savoir en optant pour une didactique intégrée en classe de DNL.

   La nouvelle réforme du système éducatif marocain s’appuie sur une approche novatrice et utilitaire visant à placer l’apprenant au cœur de l’opération d’enseignement-apprentissage puisqu’il devient acteur et non pas un simple consommateur du savoir transmis. Cette réforme favorise l’épanouissement des apprenants à travers un enseignement recentré sur leurs connaissances et compétences de base. Alors les enseignants devront travailler dans de meilleures conditions leur permettant de parfaire leur travail et d’améliorer leurs pratiques en classe tout en maitrisant les nouvelles méthodes d’enseignement et les outils pédagogiques nécessaires pour aboutir à la réussite de cette nouvelle réforme. Tout cela ne peut s’effectuer qu’à travers un environnement de travail propice et de qualité sans oublier la nécessité de la formation continue des différents enseignants pour être à jour. Nous pouvons dire que la situation actuelle de l’Ecole marocaine est vraiment alarmante suite à la grande faiblesse linguistique. Le français en tant que langue d’enseignement représente un réel obstacle auquel se heurtent nos apprenants quotidiennement.

   Le recours au parcours international au collège et au lycée vise à instaurer une meilleure communication entre les étudiants des DNL et leurs professeurs universitaires et renforcer leur chance d’accès au monde du travail puisqu’il y a un réel fossé linguistique entre le qualifiant et l’universitaire à cause de la langue d’enseignement des sciences parce que plusieurs étudiants n’arrivent pas à achever leurs études universitaires dans les branches scientifiques malgré leur grande motivation et leur savoir relatif à la discipline choisie et cela est lié à leur faiblesse linguistique. Le plus grand problème est dû à la difficulté rencontrée suite au changement de la langue d’enseignement puis à la fracture linguistique qui existe entre le qualifiant et l’universitaire.

   « La langue française serait alors facteur de réussite pour l’élève qui arrive à décrocher de bonnes notes lesquelles en principe, sanctionnent ses performances conformément aux objectifs assignés. Elle serait facteur d’échec pour celui qui obtient une mauvaise note laquelle non seulement influe sur sa moyenne générale mais aussi traduirait des lacunes dans sa formation intellectuelle. » ¹

   La situation didactique au Maroc est complexe et cela se rapporte aux savoirs scientifiques transmis ainsi qu’à la langue dont on enseigne les DNL actuellement.

   Nos apprenants du collège ou du lycée sont très peu en contact avec la langue française en dehors du milieu scolaire, c’est pour cette raison d’ailleurs qu’ils souffrent énormément, non pas par méconnaissance ou incompétence liées aux sciences en elles-mêmes, mais plutôt parce qu’ils sont contraints de les étudier en langue française alors qu’ils ne la maitrisent pas. Plusieurs personnes évoquent l’importance de la langue maternelle et pensent qu’elle est le meilleur moyen de communication pouvant faciliter l’opération d’enseignement-apprentissage.

« Ainsi, la pédagogie convergente, à travers l’articulation des langues maternelles et du français, les objectifs d’enseignement- apprentissage, les méthodes actives, l’implication des communautés à la vie de l’école,

¹. EL GHERBI.1993.P :127

l’adaptation de l’école au milieu de l’apprenant, a été choisie comme socle pédagogique sur lequel sera bâti le curriculum de l’Enseignement Fondamental, point de départ de la refondation. » ²

Sauf qu’au Maroc, elle est exclue à l’école, plus particulièrement à l’écrit en faveur de l’arabe standard, du français et des autres langues étrangères. Pour faire face à cette situation, il faut programmer des formations continues permettant d’améliorer le niveau linguistique et communicationnel des enseignants des DNL et de  renforcer leurs compétences afin de perfectionner leurs pratiques en classe et d’améliorer leurs techniques de communication pour être mieux compris par leurs apprenants, pour  décrire, expliquer le cours avec précision, rédiger des fiches pédagogiques, écrire un compte-rendu d’expérience en français, utiliser le français à l’oral comme à l’écrit, rechercher, collecter et créer des ressources pédagogiques adaptées avec un bon français.

   Il est évident que la situation actuelle de notre pays a engendré l’ouverture sur les langues étrangères notamment dans notre système éducatif pour garantir la mobilité professionnelle d’où la nécessité de l’enquête de terrain que nous menons depuis 2019.   Le présent travail s’intéresse à l’enseignement des matières scientifiques en français et plus particulièrement à la première année collégiale. Pour cela, nous avons mis en œuvre un dispositif permettant d’enseigner le programme du français en se basant sur des supports tirés des trois manuels des matières scientifiques enseignées en français.

   Ce dispositif proposé  est censé garantir l’amélioration du niveau des apprenants dans les matières concernées et même leur réussite tout en facilitant la tâche aux apprenants et aux enseignants des DNL à travers la mobilisation du corps enseignant et le recours à une collaboration basée sur des compétences transversales et interdisciplinaires afin de parfaire notre travail et de veiller à la réussite de ce parcours international venu dans le cadre de la réforme apportée par la vision stratégique 2015-2030.  Ainsi, nous avons mené une enquête de terrain au sein des établissements scolaires publics et privés de notre ville afin de mettre en pratique notre dispositif proposé, l’expérimenter, l’analyser et l’affiner à partir des remarques des différents partenaires.

². Fomba et al., 2003 :11

    Cette recherche propose une étude de la nouvelle réforme du système éducatif marocain se rapportant aux matières scientifiques dispensées en français et cela dans le cadre de la didactique intégrée, puisque nous proposons un travail collaboratif entre les enseignants du français et ceux des DNL pour adopter une compétence transversale et interdisciplinaire leur permettant de parfaire leurs démarches et pratiques en classe.

  1. Le décloisonnement entre le français et les disciplines dites non linguistiques

   Les professeurs des matières scientifiques ont enseigné en arabe depuis plusieurs années, maintenant ils ont du mal à enseigner en français. Il y a deux difficultés à ce niveau, la langue d’enseignement et le savoir à transmettre à travers cette langue étrangère. Pour cela, un programme de formation continue et initiale des enseignants des trois matières scientifiques a été lancé afin de permettre à ces derniers d’améliorer leur travail et leurs pratiques en classe et les adhérer aux objectifs de la vision stratégique 2015-2030. « Roulet (1980,1995) et bien d’autres évoquent les méfaits de la séparation excessive entre les didactiques et les enseignements de langue maternelle et ceux des langues étrangères, et posent les jalons d’un décloisonnement des disciplines. »³

  • La langue d’enseignement « Pour rester dans la cohérence, tout en plaçant l’intérêt suprême du pays avant toutes autres considérations. La CPU soutient et recommande un enseignement des matières scientifiques en français à tous les niveaux d’éducation et de formation, tout en mettant en place les conditions nécessaires pour un enseignement de ces matières également en anglais»⁴ a indiqué la confédération dans un communiqué.

   Le Maroc est un pays qui se caractérise par sa grande diversité linguistique et culturelle et cela a eu un impact sur le système éducatif marocain d’où le recours aux langues étrangères pour enseigner les disciplines scientifiques et techniques. A ce propos, nous pouvons dire que :

³. cité par Moore, 2001

⁴.https://leseco.ma/maroc/les-presidents-d-universites-pour-l-enseignement-des-matieres-scientifiques-en-francais.html

    « La domination quasi monopolistique d’une langue, quelle qu’elle soit, inhibe le jeu des mots et des idées, souvent stimulé par les traductions, passages et échanges d’une langue à l’autre »⁵

Notre pays a opté pour une éducation bilingue puisque «Dans les pays en voie de développement, cette demande est causée par la promotion d’une ou de plusieurs langues vernaculaires ajoutées à la nécessité de maintenir une langue internationale pour servir à l’éducation secondaire et supérieure. Dans d’autres pays où la langue officielle est déjà langue internationale, un changement d’attitude envers les minorités, vers plus de tolérance , a souvent permis aux groupes éthiques qui parlent une langue autre que celle de la majorité, d’organiser avec le consentement du gouvernement leur propre enseignement dans leur propre langue. »⁶

   Selon notre enquête de terrain, 80% des interviewés sont pour le choix du français comme langue d’enseignement des matières scientifiques et techniques au Maroc.

                                     Figure 1 : le choix de la langue française

  • L’interdisciplinarité

   C’est l’art de combiner plusieurs disciplines à la fois, son but est d’atteindre un objectif commun en adoptant des approches diversifiées.

« Il s’agit de la mise en relation de deux ou de plusieurs disciplines scolaires qui s’exerce à la fois aux niveaux curriculaire,

⁵.https://sectionsinternationalesmaroc.files.wordpress.com/2016/05/introduction-dnl-gajo-fc3a8s-2016.pdf

⁶.https://books.openedition.org/cjb/1068?lang=fr

didactique et pédagogique et qui conduit à l’établissement de liens de complémentarité ou de coopération, d’interpénétration ou d’actions réciproques entre elles sous divers aspects en vue de favoriser l’intégration des savoirs. »⁷

   L’interdisciplinarité est fondamentale, il faut à tout prix l’adopter au sein de l’Ecole marocaine. Selon Gajo « les disciplines peuvent et devraient se nourrir des contenus des autres » ⁸

   Nous pouvons dire aussi que :  « (….) la langue française exerce une fonction différenciatrice, pour ne pas dire discriminatoire, en ce sens que les élèves issus de catégories socio-économiques et culturelles privilégiées réussissent mieux que les autres aussi bien en français que les autres disciplines »⁹ d’où l’importance du choix du français comme langue d’enseignement.

   Dans le cadre de notre enquête de terrain, nous avons distribué plusieurs questionnaires aux différents partenaires de l’opération d’enseignement-apprentissage, nous avons obtenu les résultats suivants :

80% des interviewés pensent qu’il est nécessaire de modifier le manuel de français puisqu’il est inadéquat par rapport aux exigences du parcours international.

                                        Figure 2 : le manuel actuel de français

⁷. https://www.erudit.org/en/journals/rse/1998-v24-n1-rse1840/031959ar.pdf

⁸. http://www.theses.fr/s218735

⁹.https://www.researchgate.net/publication/314274216_LE_FLE_ET_LE_SYSTEME_SC

OLAIRE_QUELS_STATUTS_EN_DIDACTIQUE_DES_LANGUES_AU_MAROC

70% sont pour le recours à un manuel de français à caractère scientifique répondant aux besoins de nos apprenants.

                             Figure 3 : le recours à un manuel de français à caractère scientifique

  • La compétence transversale C’est un savoir-faire relatif à plusieurs disciplines à la fois, une capacité à communiquer dans une langue étrangère, une capacité d’analyse, de synthèse, d’organisation, de planification et d’autonomie pour permettre à l’apprenant de s’intégrer dans sa société. La compétence transversale dépasse le cadre d’une discipline scolaire. Elle s’inscrit dans une perspective qui autorise la mise en place de méthodes parfaitement adaptées aux différentes matières concernées. Nous pouvons dire que c’est « La mise en place de concordances et de convergences effectives entre [les]enseignements [linguistiques], entre eux et avec les enseignements non linguistiques »¹⁰

« La langue française serait alors facteur de réussite pour l’élève qui arrive à décrocher de bonnes notes lesquelles en principe, sanctionnent ses performances conformément aux objectifs assignés. Elle serait facteur d’échec pour celui qui obtient une mauvaise note laquelle non seulement influe sur sa moyenne générale mais aussi traduirait des lacunes dans sa formation intellectuelle. »¹¹

55% étaient contre le recours à la compétence transversale dans notre système éducatif

¹⁰.https://www.cairn.info/guide-pour-le-developpement-et-la-mise-en-oeuvre–9789287182333-page-31.htm

¹¹.https://journals.indexcopernicus.com/api/file/viewByFileId/440141.pdf

                                 Figure 4 : le recours à la compétence transversale

80% sont pour l’adaptation du manuel de français selon les exigences de la vision stratégique

                                 Figure 5 : l’adaptation du manuel de français

  • La didactique intégrée

   L’enseignement des matières scientifiques se fait par l’intégration d’une langue étrangère. Le parcours international au collège vise à développer des compétences fonctionnelles dans les langues enseignées à travers une didactique qui se situe dans une perspective actionnelle. Cette démarche cherche à promouvoir l’enseignement basé sur les contenus et sur la notion des tâches à accomplir en se basant sur une pédagogie des contacts et des échanges. C’est une approche décloisonnée des langues d’enseignement.

« selon le professeur Wambach, la question du bilinguisme est d’abord une question de méthodologie de la langue nationale ce qui implique une mise en adéquation de la formation des enseignants, mais elle implique aussi un renouvellement global des démarches aussi bien dans l’enseignement du français que dans celui des sciences, pour y arriver, selon le professeur, il faut évidemment rompre avec la pédagogie des sentiers battus »¹².

¹². https://journals.openedition.org/lidil/2743

   Dans la didactique intégrée, l’articulation entre l’enseignement des langues étrangères et les savoirs non linguistiques s’impose. La didactique intégrée a pour objectif d’apprendre aux apprenants à être plurilingues et donc à se construire un répertoire langagier dans lequel il y a plusieurs langues, alors les usages des langues sont mélangés, articulés et organisés les uns par rapport aux autres, même au sein de la classe de DNL. On s’intéressera tout au long de notre recherche aux rôles et enjeux du recours au français en tant que langue d’enseignement des sciences, tout en mettant l’accent sur les différents processus d’apprentissage et aux échanges linguistiques en classe ainsi qu’aux moments de passage de l’arabe au français et vice-versa. Il est nécessaire de recourir à des méthodes et pratiques translinguistiques pour faciliter le passage d’une langue à une autre. C’est pour cela que nous devons opter pour une didactique de l’alternance basée sur l’intégration des apprentissages.  Il s’est avéré qu’il est nécessaire d’alterner les langues d’enseignement pour construire des savoirs scientifiques.

   Il faut dire que la didactique intégrée vise le développement de la compétence plurilingue et transversale et cela concerne aussi l’éducation et la formation des citoyens marocains. Elle vise aussi la rationalisation et la cohérence des savoirs enseignés. Le parcours international permet l’ouverture à la pluralité et à la diversité des langues. Il appelle à des mises en relation inter linguistiques entre l’arabe et le français et par la suite l’anglais aussi et cela dans le cadre d’une didactique intégrée où l’on s’intéresse à la micro-compétence liée aux stratégies adoptées ainsi qu’à la macro-compétence à savoir le curriculum.  Bourguignon (1993 : 105) insiste sur « Le rôle constructif et sécurisant de la réflexion métalinguistique sur la langue maternelle, comme préalable à l’intégration d’une notion nouvelle en langue étrangère. »¹³

  • La pédagogie active 

    En pédagogie active, le rôle de l’enseignant n’est plus essentiellement celui d’un transmetteur des savoirs. Il devient plutôt un guide, un coach et un accompagnateur. C’est une pédagogie qui s’oppose aux méthodes traditionnelles de l’enseignement magistral et de la démonstration.

¹³. https://www.cairn.info/journal-ela-2001-1-page-71.htm

Elle permet aux apprenants de créer des liens entre eux et d’acquérir facilement des connaissances transférables dans leur contexte professionnel futur. C’est une pédagogie qui permet aussi d’appréhender, de pratiquer et d’acquérir la démarche scientifique puisqu’elle cultive la curiosité chez l’apprenant et éveille ses sens pour l’observation et l’imagination. Cette méthode incite aussi l’apprenant à analyser ses observations et à confronter ses réponses aux réalités. Le parcours international relève d’une didactique multi-intégrée puisqu’ : « elle utilise des dénominations spécialisées (…). On peut donc la définir comme l’usage d’une langue naturelle pour rendre compte techniquement des connaissances spécialisées. » ¹⁴

  • L’approche actionnelle C’est une approche qui s’oriente vers l’action de l’apprenant parce que la construction du savoir se fait entre l’enseignant devenu animateur et l’apprenant qui est un acteur dans son apprentissage. Elle est fondée sur la réalisation de tâches proches de la vie réelle des apprenants. Dans ce cas l’apprentissage devient collaboratif et solidaire puisqu’on implique l’apprenant et on le rend actif et autonome pour se confronter à la vie sociale.

   L’approche actionnelle vise à développer le savoir, le savoir-être et le savoir-apprendre en employant les quatre compétences du CECRL. Alors l’enseignant a pour mission d’encourager l’interaction, c’est un facilitateur et un médiateur qui est amené à créer un environnement riche et varié pour répondre aux besoins de ses apprenants.

  1. Le passage de la langue communicative à la langue véhiculaire du savoir

3.1. Le rôle des enseignants des DNL 

   Très souvent quand on enseigne dans une classe bilingue on va se saisir d’une langue étrangère pour enseigner un contenu disciplinaire, il s’agira de formuler ces savoirs scientifiques dans une autre langue.

   Le recours à la langue étrangère comme langue d’enseignement des DNL pousse les professeurs ainsi que leurs apprenants à mettre l’accent sur le contenu scientifique sans pour autant s’intéresser à la forme et aux règles linguistiques,

¹⁴.https://www.etudier.com/dissertations/Francais-Sur-Objectif/251582.

c’est le message à transmettre qui compte le plus. Alors, les enseignants des DNL sont-ils amenés à veiller à l’acquisition de la compétence linguistique chez les apprenants ?

   Selon notre enquête de terrain et nos questionnaires, nous avons constaté que les professeurs des DNL conduisent leurs activités en français sans s’arrêter sur les problèmes linguistiques. Ils considèrent que les apprenants savent assez de français pour pouvoir fonctionner en français dans la classe des DNL. Il n’y a pas une attention particulière à la langue alors que cette dernière pose question, donne un certain nombre d’indices qui permettraient éventuellement d’interroger de manière intéressante les savoirs propres à la discipline.

75% de nos interviewés sont pour le parcours international malgré tous les obstacles rencontrés surtout se rapportant à la langue d’enseignement.

                              Figure 6 : Le choix du parcours international au collège

3.2. La formation des enseignants 

   La langue est toujours engagée dans la construction et la transmission des savoirs scientifiques, cela suppose de mobiliser des ressources langagières et discursives et d’en prendre conscience. Quand on enseigne, on est baigné de langues, on passe par la langue et le discours pour étudier des savoirs scientifiques. Le discours dans ce cas, nous donne des outils, des occasions et des leviers pour mieux enseigner un certain nombre de savoirs dans toutes les disciplines, mais très souvent, on ne saisit pas ces occasions parce qu’on n’est pas formé pour identifier dans le discours des traces et des leviers qui nous permettent de remonter à la constitution du savoir scientifique ou technique. L’approximation n’est pas admise lorsque les ressources linguistiques sont en lien avec la conceptualisation, alors on donne la priorité au savoir scientifique et à la compréhension.

   Parfois, certains ajustements linguistiques même très fins sont capitaux, nécessaires et prioritaires. Même si au point de vue de la communication, ils n’ont aucune forme d’importance ou de pertinence. On se rend compte que dans les disciplines scientifiques il y a à la fois du langage ordinaire, puisqu’on communique à travers des énoncés qu’on entend dans toutes les classes, il y a aussi une terminologie commune mais avec des significations, des acceptions spécifiques et puis il y a des termes tout à fait propres à la discipline ou au champ disciplinaire considéré. La langue étrangère représente un réel obstacle d’où la nécessité de la formation initiale et continue des enseignants des DNL pour répondre aux exigences de cette nouvelle réforme du système éducatif marocain. Dès le départ, les apprenants savent qu’ils devront fournir énormément d’efforts, ils activent une forme de vigilance linguistique pour faire face à cette situation et pour s’approprier les savoirs de la discipline enseignée. Et dans ce cas, le recours à L1 et à d’autres langues peut se faire sous la forme d’alternance ou de contrastivité. L’enseignant s’autorise à recourir à la traduction et même à montrer aux apprenants des documents scientifiques en arabe afin de garantir la compréhension de la majorité. Le système éducatif marocain a connu énormément de réformes avant d’aboutir à la vision stratégique 2015-2030. 80% de nos interviewés trouvent que ces réformes n’étaient pas à la hauteur de leurs attentes.

                                Figure 7 : les réformes du système éducatif marocain

3.3. L’approche interculturelle   Cette approche se base sur l’intégration de la dimension culturelle dans l’enseignement des langues. Sa finalité est de rendre possible la communication active en langue étrangère dans des situations réelles. C’est un processus dynamique engendré par des interactions entre les cultures puisque la pluralité est présente au sein de chaque individu.    Elle privilégie la rencontre, l’acceptation de l’altérité, les mélanges, les métissages des cultures et des identités. Pour qu’il y ait une réelle réforme du système éducatif marocain, il faut penser à rénover les curricula mais aussi l’aspect socio pédagogique et socio culturel.

 « Comme l’apprentissage d’une langue est avant tout, une activité sociale, il est indispensable de construire chez l’apprenant des comportements sociaux nouveaux. Sachant que se mettre à la place de l’autre, passe d’abord par la connaissance de soi »¹⁵

3.4.  L’intercompréhension «…La coexistence de deux langues dans un même        mouvement alternatif de construction de concepts, non seulement peut contribuer à enrichir ces derniers et à les autonomiser par rapport aux mots, mais en outre, et de nature à favoriser une certaine prise de distance réflexive et contrastive par rapport à telle ou telle des langues activées.»¹⁶

   Alors, il est nécessaire de donner du sens aux apprentissages afin de motiver les apprenants et les encourager à améliorer leur niveau en enrichissant à la fois les connaissances linguistiques et disciplinaires. Cette coexistence a pour objectif de valoriser l’intercompréhension et d’améliorer le processus d’enseignement-apprentissage des langues, cela permet d’effectuer des tâches communicatives et sociales de la part de nos apprenants. Le processus de l’intercompréhension s’appuie sur deux principes majeurs, le contact des langues en question ainsi que leur fusion « convergence » ou leur dissociation « contraste ».

  1. Conclusion

      Il y a une tâche discursive qui va porter une activité scientifique, cette tâche est conduite dans une langue étrangère. Cela nous amènera souvent à des problèmes de communication, de transmission, d’accès à la compréhension et donc on va déployer très régulièrement dans des classes bilingues, des stratégies de résolution de problèmes de communication y compris la pédagogie intégrée et la traduction.

¹⁵.https://www.cairn.info/apprentissage-d-une-langue-etrangere-seconde-3–9782804142773-page-135.html

¹⁶.https://www.cairn.info/journal-ela-2001-1-page-71.htm

Les enseignants des DNL doivent être formés aux approches communicatives qui leur donnent des ressources pour améliorer leurs stratégies et leurs pratiques en classe. Il faut travailler malgré la langue étrangère et pour elle-même, c’est un travail plus difficile et plus laborieux mais on est censé exposer nos apprenants davantage à cette langue étrangère en les mettant face à des difficultés communicatives pour enrichir leur boite à outils. L’essentiel pour les enseignants des DNL est d’être compris et de réussir à gérer la tâche du point de vue de la performance communicative, de faire face à des problèmes pour assurer la transmission du sens. Il faut dire qu’on ne peut pas forcément s’arrêter sur le moindre écart par rapport à la norme, on ne peut pas corriger toutes les erreurs. L’idée c’est d’être compris, cela demande des ajustements sans pour autant penser à une mise en évidence de tous les problèmes linguistiques que le professeur pourrait rencontrer. Les savoirs scientifiques passent par des ressources linguistiques particulières, l’apprenant peut s’exprimer d’une manière plus ou moins correcte, en utilisant un accent satisfaisant, il peut commettre des erreurs plus ou moins nombreuses de morphologie, de syntaxe, de grammaire, etc. Pour conclure, nous pouvons dire que le parcours international vise la construction de compétences nouvelles qui dépassent le cadre de la langue maternelle des apprenants en mettant en valeur l’intercompréhension entre les langues et l’importance de la pédagogie intégrée pour transférer les compétences et les savoirs d’un contexte à un autre.

Bibliographie

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Université Stendhal-Grenoble III: CDL-LIDILEM.

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– Perrenoud Philippe,1995, De la fabrication de l’excellence scolaire à la fabrication de l’échec, Genève.Droz.

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